Une fille, qui danse – Julian Barnes
Ma lecture de l’été. Voici un bon livre. Quand je dis un bon livre, je veux qu’il est un niveau au-dessus. Mais j’entrerai ensuite dans les détails. Ce livre était parmi notre sélection de l’été et je n’ai pas été déçue. Je vous remets l’histoire. Mes attentes vis-à-vis de ce titre était une « enquête » d’un personnage sur le passé d’un ami qu’il avait eu à l’école quarante ans auparavant mais c’est beaucoup plus subtile que cela en fait.
Au lycée, ils étaient trois amis jusqu’à ce qu’Adrian se joigne à eux. Il était différent, brillant et plus mûr. Tous l’admiraient. Ils croyaient alors vivre dans un enclos et qu’ils seraient bientôt lâchés dans la vraie vie. Pourtant, les jeux étaient faits en partie. A l’université, Tony, le narrateur, fréquenta Véronica et découvrit que le corps des filles est parfois défendu comme la zone d’exclusion d’un pays pour la pêche.
Quelques mois plus tard, il apprit qu’elle sortait désormais avec Adrian. De rage, il leur écrivit une lettre épouvantable. Pourquoi Adrian s’est-il suicidé ? Quarante ans plus tard, le passé qui resurgit révèle une terrible vérité. Elle bouleversera Tony et chacun des lecteurs d’Une fille, qui danse.
Nous suivons le point de vue de Tony, un jeune homme ordinaire, qui nous livre ses pensées et nous raconte ce qu’il vit. J’ai eu l’impression au début de regarder un film se dérouler. Les jeunes années, les cours d’Histoire, les sourires de Tony, le cours de sa vie. Il est un garçon vivant et j’ai trouvé très touchante la description qu’il fait de lui et de ses deux meilleurs amis à savoir qu’ils déconnaient sauf quand il fallait être sérieux. Quant à Adrian, il était sérieux sauf quand il fallait déconner. Qui est Adrian ? Il est un nouveau dans l’établissement de Tony, ils choisissent presque naturellement de l’intégrer à leur groupe comme s’il allait les remercier mais on le sent un peu distant au début du roman. On se rend compte qu’il est un peu au-dessus de la moyenne et tout le monde s’en rend compte. J’ai vraiment apprécié les fils de réflexion que tendent les échanges entre les personnages, notamment quand ils sont en cours d’Histoire. On s’interroge justement sur les témoignages, la vérité, le passé. On dit qu’il n’y a que les vainqueurs qui écrivent l’Histoire. Mais au fil du temps, on se souvient de sensations mais les faits s’estompent… J’y reviendrai.
Un jour, Tony rencontre Veronica avec qui ça se passe mal. Elle finit avec Adrian (là, on se met à détester assez Véronica alors qu’Adrian semble un peu… naïf). Tony leur souhaite tout le malheur du monde, il se suicide. Fin du flash-black. Avance-rapide sur la vie de Tony quand soudain, un testament remet tout en question. Le journal d’Adrian menace de surgir. C’est alors que le roman se divise entre deux tendances : le fond où il est question du journal, et d’un autre côté, nous avons le narrateur qui se remet en question. Il repasse au crible les différentes étapes de sa vie. Surtout, il prend beaucoup de recul sur ses jeunes années, il réinterprête beaucoup de choses avec un recul et une sagesse que j’ai beaucoup appréciés. On plonge dans le regard du Tony adulte sur les certitudes du Tony adolescent… Le dénouement remet tout en question et dès lors, le comportement de plusieurs personnages devient plus limpide, dont celui d’Adrian. Il n’est pas écrit pour bouleverser le lecteur mais plutôt pour lui faire prendre conscience que ce qu’il croit savoir est à prendre avec du recul, des précautions.
J’ai apprécié ce roman pour les questionnements qui pose. Je me suis demandée comment je serai plus tard et surtout, quel regard j’aurai sur mes rêves et mes ambitions, mes sensations de jeune femme ? Au moment de faire un bilan, me souviendrai-je peut-être d’une journée comme un bon souvenir en occultant ce qui m’a gênée, en glorifiant ce qui m’a flattée. Mais finalement, nous le faisons déjà. Pour ma part, je pense avoir monté sur un piedestal des personnages disparues qui m’étaient chères. Il ne me reste que leur souvenir, mais nos souvenirs ne sont jamais source de vérité. Ceux qui survivent, ceux qui vainquent et ceux qui racontent ne rapporteront plus tard qu’une vérité flouée des événements. J’ignore si je vais trop loin dans l’interprétation de ce roman mais plusieurs réflexions de Tony m’ont touchée et même si je n’ai pas toute une vie derrière moi, je me suis parfois sentie proche de lui. Je conseille ce livre à tous ceux qui voudraient lire une belle histoire qui se passent dans les années soixante avec son lot de drame, mais il ne faut pas avoir peur des questions. Avis aux amateurs…
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