L’Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde – Robert Louis Stevenson

Après un bac S, je me suis dirigée vers des études en langue, littérature et culture étrangère avec spécialité espagnol. Autant dire que les classiques que j’ai lus sont plus Espagnols ou Hispanoaméricains que Français. De ce fait, j’aimerais bien avoir l’occasion de me plonger dans quelques classiques littéraires. Manque de bol pour Huysmans, celui-ci sera anglais (l’intention y était, le hasard en a décidé autrement…) . Jekyll et Hyde, c’est une histoire que finalement tout le monde connaît mais que peu ont lu, je pense. Alors un soir, avant de partir du travail, je l’ai sorti du rayon et hop, je l’ai pris. Aujourd’hui, je vous en fais la chronique.

 

Ce célèbre roman ne se réduit pas à une histoire de double, une parodie de Frankenstein. Qu’est-ce qui se cache derrière la porte ? L’intérieur de notre être, où voisinent le civilisé et le sauvage, l’animalité et l’humain, la mort et la vie ? Ou bien un crime secret que nous devrions expier ? Les frontières entre le jour et la nuit s’estompent, comme dans le brouillard ou dans la pluie de Londres. La peur s’insinue en nous, notre identité personnelle vacille. Stevenson multiplie les points de vue, à travers divers récits, dont le dernier, celui du docteur Jekyll, laisse ouverte une question : et si M. Hyde courait encore à travers le monde ? Hyde n’est pas seulement le mal que Jekyll a expulsé de lui. C’est plutôt la figure du malheur. Par elle, Stevenson a donné une forme à ses tourments. Par l’art, il a triomphé de ses songes cruels.

 

L’histoire est d’abord celle de M. Utterson, un notaire ma foi respectable qui, lors d’une promenade entend le récit d’un accident. Un soir, alors qu’un passant se promenait, il arrive à l’angle d’une rue et voit courir deux personnes l’une vers l’autre, chacune longeant la même maison. D’un côté, une petite fille revient de chez le médecin qu’elle a appelé pour qu’il vienne chez elle, de l’autre un homme dont nul ne sait donner une description précise. Ils se heurtent et l’homme piétine la fillette, créant une émeute. Pour calmer la foule, il propose de donner de l’argent aux parents de la petite fille et les gens l’accompagnent jusqu’à une maison… que Utterson reconnaît comme celle de son ami le docteur Jekyll. Dès lors, il va chercher à comprendre comment ce M. Hyde peut ainsi disposer de la demeure du docteur et de son argent. Cette étrange maison possède deux entrées, l’une principale et l’autre vers une ruelle assez sordide, celle qu’utilise Hyde.

Progressivement, on suit le fil de ses recherches et surtout, on assise à la détérioration de l’état de santé de Jekyll. J’ai beaucoup aimé le fait que Hyde ne soit pas simplement « un mauvais côté » de Jekyll mais qu’il ait véritablement une personnalité. Il est un personnage à part entière et nullement un pendant de Jekyll. D’autre part, on a pu lire que Jekyll et Hyde sont une sorte d’illustration du combat entre le bien et le mal qui s’opère en chacun d’entre nous mais dans le texte, on comprend bien que ce n’est pas le bien et le mal mais plutôt le « ça » et le « moi », privés de censure. Hyde est une force brute privée des règles qui régissent la société dans laquelle Jekyll évolue. Il suit ses instincts, ses envies et les vices auxquels le docteur Jekyll ne peut céder de par sa position dans l’échelle sociale. On s’en rend aussi compte justement par le cercle de ses amis. Au début du texte, on comprend que Jekyll est un homme populaire et surtout d’une grande gentillesse. À mon sens, il a une image vraiment très lisse et quand on songe à l’époque à laquelle a été écrit le roman, évidemment, on se doute que les libertés des uns et des autres étaient bien plus restreintes qu’aujourd’hui. Hyde ne tue pas, ne frappe pas par stratégie ou pur vice, il le fait parce que c’est ce que son instinct lui dicte.

On assiste aux efforts désespérés de Jekyll pour résister aux assauts de Hyde et aux tentatives de ce dernier pour survivre, devant parfois céder la place au docteur au risque d’être arrêté et tué. Dans ce récit, Utterson -un personnage qu’on ne connaît pas en général- joue le rôle de fil rouge. Il connaît Jekyll, il assiste à sa chute, sa folie, ses angoisses et constate bien que Hyde -au début petit et faible- devient plus fort ; il va se battre pour sauver Jekyll de celui qu’il prend pour un monstre mais est-ce que Jekyll peut vraiment être sauvé de lui-même ? …

Je vous invite à lire ce texte pour répondre à cette question. Il se lit très vite et très facilement, et c’est très agréable de découvrir le texte à l’origine d’un personnage qu’on ne présente plus. Enfin, comme il est tombé dans le domaine public, vous pouvez le trouver dans les fameuses éditions librio à deux euros. Bonne lecture !

http://lamalleauxlivres.com/letrange-cas-du-docteur-jekyll-et-de-m-hyde-robert-louis-stevenson/http://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/JEKYLLIMG.jpghttp://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/JEKYLLIMG-150x150.jpg2015-03-18T08:00:35+02:00Christine JuilletLittérature - Feel goodclassique,Hyde,Jekyll,Londres,Stevenson,UttersonAprès un bac S, je me suis dirigée vers des études en langue, littérature et culture étrangère avec spécialité espagnol. Autant dire que les classiques que j'ai lus sont plus Espagnols ou Hispanoaméricains que Français. De ce fait, j'aimerais bien avoir l'occasion de me plonger dans quelques classiques littéraires....Christine JuilletChristine Juilletrpgirl@hotmail.frSubscriberDiplômée en langues étrangères et métiers du livre, elle est libraire et passe ses journées entre les livres, les carnets et les stylos. La tête ailleurs, elle adore voyager que ce soit avec son sac à dos ou un livre entre les mains. Rencontrer des rêveurs, des aventuriers, des personnages torturés, c'est son dada. Ses genres préférés sont les drames contemporains et les littératures de l'imaginaire.LA MALLE AUX LIVRES