Antispéciste – Aymeric Caron
L’été est, pour moi comme pour beaucoup de gens, l’occasion de pouvoir lire plus et davantage au calme. J’en profite donc généralement pour lire des livres plus conséquents et qui demandent peut-être plus de concentration, comme par exemple Anna Karénine, ou Belle du Seigneur. Et, je l’avais déjà expliqué dans ma chronique du livre de cuisine Grimoire Seitanique, le végétalisme/végan une thématique qui m’intéresse et dont on entend de plus en plus parler. Et cela va bien au-delà d’une animation, comme le montre très bien le livre dont je vais vous parler aujourd’hui.
Antispéciste explore la génétique, la cosmologie, l’éthologie, le droit et la philosophie pour expliquer pourquoi nous sommes tenus aujourd’hui d’accorder certains droits élémentaires aux animaux non humains sensibles. Mais cette extension de notre sphère de considération morale s’inscrit dans une réflexion beaucoup plus large. En invitant à repenser le vivant et la place de l’homme dans l’univers, Antispéciste décrypte les raisons de l’échec de l’écologie politique traditionnelle et propose un nouveau projet nommé l’écologie essentielle, qui doit aboutir à une réforme constitutionnelle pour prendre en compte la valeur intrinsèque de tous les êtres vivants. Antispéciste pose également des questions inédites : qui sont les animalosceptiques ? Pourquoi l’antispécisme est-il un combat social ? Pourquoi Superman est-il un superhéros antispéciste ? Pourquoi le vrai but de l’écologie est-il en réalité de faire sortir l’homme de la nature ? Qu’est-ce que la réduction de l’empreinte négative ? Pourquoi les éleveurs ont-ils intérêt à rejoindre les antispécistes ? Antispéciste est un appel au soulèvement des consciences. Un appel à la révolte individuelle. Un appel à un nouvel humanisme.
Comment ce livre est arrivé entre mes mains ?
Ce livre a apparemment beaucoup fait parler de lui depuis sa sortie au printemps, et je l’ai régulièrement croisé en librairies, où il était souvent mis en avant.
Et alors, qu’est-ce que ça donne ?
Je ne suis pas une spécialiste du sujet, mais simplement curieuse et ouverte, notamment après avoir vu le film Demain de Cyril Dion, puis avoir lu le livre qui en était tiré (voir ma chronique par ICI). Du coup, je trouvais intéressant de pouvoir lire un ouvrage qui traitait de cette thématique, tout en l’élargissant vers des sujets bien plus variés que simplement le bien-être animal.
L’antispécisme, comme il est décrit dans le livre, s’oppose donc au spécisme. Un terme que l’on peut rapprocher du racisme : on discrimine un individu selon l’espèce à laquelle il appartient. Les humains sont donc considérés comme supérieurs, tout comme certains animaux comme les chiens ou les chats. Et d’un autre côté, certaines espèces sont considérées comme étant moins « noble » et utilisés comme nourriture dans des conditions majoritairement déplorables.
L’auteur démontre ainsi les limites d’un tel mode de pensée, et ce en utilisant différents prismes : biologique, éthique, écologique, humaniste, cosmologique, politique… Et c’est ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans ce livre, cette approche diversifiée et qui pousse la réflexion plus loin. Même si certaines critiques ont pu pointer qu’Aymeric Caron s’avançait parfois sur des sujets pointus qu’il ne maîtrisait pas totalement, cette démarche donne de nouvelles perspectives.
L’antispécisme ne se limite donc pas uniquement au bien-être des animaux, mais comprend aussi celui de l’homme et de la nature. L’auteur nous dit ici qu’il ne s’agit pas de discriminer l’homme au profit des animaux, mais au contraire de donner aux animaux les mêmes droits que les êtres humains et de se battre pour que chaque individu –humain ou non-humain- ait droit à avoir une vie digne et libre. La pensée est bien évidemment plus développée dans le livre, et difficile à décrire, tant certains aspects de la question sont complexes. Mais Caron parvient à rendre le tout vraiment très accessible et compréhensible, ce qui rend la lecture de cet ouvrage à la fois agréable et instructif.
Qu’on soit d’accord ou non avec tout ce qu’écrit l’auteur, ce livre offre au moins des pistes de réflexion très intéressantes, dans la lignée de ce que nous expliquait déjà Demain : le monde ne peut plus continuer comme il le fait actuellement, dans un système ultra-capitaliste et industrialisé. Nos systèmes politiques n’ont presque plus rien d’une démocratie, et notre mode de consommation encourage cette tendance, tout en épuisant les ressources naturelles de notre planète. Nous sommes piégés dans un système inégalitaire qui nous échappe de plus en plus.
Finalement, même si ce n’était pas toujours une lecture très joyeuse, j’ai beaucoup appris d’elle et vous encourage vraiment à découvrir ce livre. Il pose de bonnes questions, et offre des réponses ou pistes de réponses assez intéressantes.
Pour quel(s) lecteur(s) ?
Ceux que la cause animale et humaine intéresse, et qui ont apprécié la démarche du film Demain.
La citation :
« Les humains sont des animaux. Il n’y a entre les autres espèces et nous-mêmes qu’une différence de degré, et non de nature. »
Pour se le procurer :
Editions : Don Quichotte
Date de sortie : 04.2016
Prix : 20.9 €
Nombre de pages : 477 pages
ISBN : 2359494988
http://lamalleauxlivres.com/antispeciste-aymeric-caron/http://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/Aymeric-Caron.jpghttp://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/Aymeric-Caron-150x150.jpgNon classéantispécisme,essaiL’été est, pour moi comme pour beaucoup de gens, l’occasion de pouvoir lire plus et davantage au calme. J’en profite donc généralement pour lire des livres plus conséquents et qui demandent peut-être plus de concentration, comme par exemple Anna Karénine, ou Belle du Seigneur. Et, je l’avais déjà expliqué...OhagiAlize altimapi2@hotmail.comUserDiplômée en Sciences de l'information, elle arpente aussi bien les rayons des librairies que des bibliothèques et se passionne pour de nombreux sujets. Armée de sa tasse de thé, elle peut lire de tout, du manga à la biographie, du best-seller à la poésie, en français et en anglais. Tout ce qui peut l’inspirer et la faire rêver. Elle affectionne tout particulièrement la littérature anglo-saxonne, les classiques et les gros pavés.LA MALLE AUX LIVRES
« No steak » m’avait fait un effet (bœuf, ah non) très fort (à un tel point que je suis devenu végétarien et n’ai pas retouché à de la viande depuis que j’ai achevé sa lecture – comme quoi, le lieu commun qui dit qu’un livre peut changer une vie trouve des exemples très concrets parfois), et je te le conseille au passage. « Antispéciste » est plus dense et un brin moins bien construit (bien sûr, c’est là mon point de vue). Moins drôle aussi dans son expression (les sujets étant tous deux d’égale gravité et connexes par endroits). Néanmoins, c’est toujours une lecture de premier intérêt, et pour avoir croisé le sieur à la présentation du livre, j’ai été surpris de voir à cette occasion que nous étions très jeunes dans son lectorat, ce qui est assez encourageant, il me semble.