Une terre si froide – Adrian McKinty
Un genre tout à fait différent cette fois, puisqu’il s’agit d’un roman policier, mais que l’on pourrait carrément considérer comme historique, malgré le fait que les années qui nous séparent du temps de l’intrigue ne sont pas si nombreuses ! Il s’agit pourtant d’un monde qui nous paraît si étranger et si éloigné à la fois, tant nous avons sans doute du mal à nous le représenter actuellement. L’Irlande du Nord, dans les années 80. Évidemment, en parlant de cette région, nous viennent peut-être plus volontiers des images d’étendues verdoyantes, de pluie et de moutons. Ou pour être moins caricatural, on s’imagine qu’il s’agit là d’un endroit calme et tranquille comme on peut en trouver partout dans notre Europe. Il nous paraît difficile de concevoir ce qui se passait là-bas ne serait-ce que trente ans en arrière, peut-être parce que nous n’avons pas connu cette époque, mais surtout parce que nous n’avons pas vécu tout ce qui s’y est déroulé. Et c’est en partie ce que nous propose ce roman.
Voici donc plus précisément le résumé du livre :
1981, Carrickfergus, Irlande du Nord. Le gréviste de la faim Bobby Sands vient de mourir et la région est sous haute tension. C’est dans ce contexte oppressant que le sergent Sean Duffy est appelé d’urgence pour résoudre une étrange enquête : un homme a été retrouvé dans un terrain vague, une main coupée. La victime est un homosexuel notoire. Un mobile suffisant ? Puis une deuxième victime est découverte, présentant les mêmes sévices. Aurait-on affaire au premier serial killer de l’histoire du pays ? Duffy sait toutefois que les apparences sont souvent trompeuses, lui qui incarne un paradoxe en Ulster : il est flic et catholique.
Adrian McKinty réussit le pari de faire vivre la violence de la guerre civile en même temps qu’il nous entraîne au cœur d’une enquête palpitante, maniée avec un humour noir si cher aux Irlandais.
Premièrement, je dois tout de même avouer avoir été un peu déçue par le côté policier qu’offre à priori ce roman. Pourtant, le début s’avérait prometteur et original, et peut-être avais-je trop d’attentes à ce niveau-là. Si les débuts sont assez rapides dans les premiers chapitres où nous recevons pas mal d’éléments, le milieu du livre m’a semblé bien long et l’enquête patine durant un long moment. Pour finalement se terminer, sans trop en révéler sur l’intrigue et le dénouement, de façon moins grandiose et palpitante que cela avait commencé.
Je dois également admettre avoir eu de la peine, tout d’abord avec le nombre assez conséquent de personnages secondaires, qu’on nous présente assez vite et qui ne parviennent pas forcément à se distinguer les uns des autres. Faute de temps, finalement, on s’attarde surtout sur Duffy, sa vie, ses impressions. Les autres personnages, que cela soit son équipe, les suspects ou le reste se mélange quelque peu et il est parfois difficile de se rappeler qui est qui et qui fait quoi.
Ensuite, les nombreuses organisations paramilitaires qui nous sont présentées dans ce livre peuvent être une autre source de confusion. Pour quelqu’un qui n’est pas forcément très au courant de tout ce qui s’est déroulé durant ces années en Irlande du nord, certains éléments peuvent être difficiles à saisir dans toute leur nuance. Tous ces groupes finissent par se mélanger, car après tout, ils attaquent tous la police et notre cher inspecteur. Mais on finit donc par comprendre que, catholiques ou protestants, tout le monde finit à un moment où à un autre par user de violence dans une société que l’on n’imaginait pas capable d’un tel chaos. Et c’est peut-être là le but du livre, au-delà de l’enquête policière.
Il est difficile de s’imaginer une société où une telle haine fratricide est possible, et où les différences sont si peu acceptées. Il y a pourtant à peine trente ans, on a du mal à imaginer que l’homosexualité, le divorce, les différences de religions puissent être aussi mal vus, voire même un crime sérieux pour le premier. La noirceur règne donc dans ce roman, où le simple fait de mener une enquête –qui est pourtant et malheureusement un travail « normal » pour les services de l’ordre- relève de l’exploit et du parcours du combattant. Duffy doit ainsi vérifier à chaque fois qu’il prend la voiture qu’une bombe n’a pas été posée en-dessous, où dès qu’ils doivent se rendre dans un quartier « à problèmes » pour investiguer, ils doivent revêtir des gilets pare-balle et utiliser un fourgon blindé pour se déplacer. Comme notre policier le décrit sir bien :
« L’Irlande du Nord en 1981 est à peine moins conservatrice que, disons, Salem en 1692. »
Le style du roman est malgré tout très agréable et teinté d’un humour sombre qui sied plutôt bien à la situation. Nous sommes tout à fait immergés dans ce monde instable et chaotique, ce qui rend le choc d’autant plus violent. Je conseillerai donc plutôt ce livre à des personnes qui s’intéressent plus à l’Irlande du Nord et cette partie de son histoire plutôt qu’à un simple amateur de roman policier, qui pourra ne pas y trouver son compte, et être déçu que le contexte ait bien trop de poids par rapport à l’intrigue.
Ce roman est, semble-t-il, le premier d’une trilogie mettant en scène le sergent Duffy. Peut-être que je lirai la suite –qui sort apparemment tout bientôt-, suivant ce qu’elle aura à proposer. Mais je suis plutôt tentée de faire confiance à l’éditeur Stock et à sa collection La Cosmopolite, qui propose de manière générale de bons titres -et dont j’apprécie beaucoup le design des couvertures et la forme physique des livres, agréable à tenir entre les mains-.
Editions : Stock
Date de sortie : 20/03/2013
Prix : 21.5 euros
Nombres de pages : 396 pages
ISBN : 978-2-234-07203-9
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