Toi, qui as vécu la guerre…
Vous le savez, je suis fan des belles histoires. Aujourd’hui c’est un autre histoire que je viens vous raconter. Une histoire bien plus personnelle et aussi l’histoire avec un grand H. Aujourd’hui à l’heure où je publie cet article, nous sommes le 11 novembre 2018. La première guerre mondiale, la grande guerre s’est terminée il y a tout juste 100 ans. A cette occasion, je vous raconte l’histoire de mon arrière grand père qui a vécu cette guerre au travers d’une lettre qui lui est destinée. Vous trouverez à la fin de cette lettre une copie de son livret militaire.
N’oublions jamais ces gens qui ont souffert et qui sont morts pour la France même si c’était dans le passé. n’oublions pas les horreurs et surtout ne commettons pas de nouveau les mêmes erreurs.
Cher arrière grand père,
Le 11 novembre 1918, je ne sais pas où tu étais ou ce que tu faisais exactement, mais mon instinct me souffle que ce jour a marqué un tournant dans ta vie. Comment aurait-il pu en être autrement ? Je sais que ce jour-là tu as dû penser à ta famille, à tes parents qui étaient en Bretagne bien loin de là où tu étais.
Tu es née 99 ans avant moi et je n’ai pas eu la chance de te connaître, mais pourtant ton histoire je la connais, je la chéris et je la raconte. Je suis fière de toi, fière ce que tu as fait pour la France. Pépé, c’est comme ça que je t’appelle puisque que tu es mon arrière grand père, le père de ma grand mère maternelle et le grand-père de mon propre père. Avec papa, nous parlons beaucoup de toi, de ton histoire, de tout ce que tu as vécu. Je sais qu’il a quelques regrets. Il était très jeune quand tu nous as quittés et il aurait voulu te poser de nombreuses questions comme moi aujourd’hui.
100 ans après cette première guerre mondiale, cette guerre horrible qui a fait des millions de morts, j’avais besoin et envie de te rendre hommage avec cette lettre ouverte. Certes, tu ne pourras jamais la lire mais j’avais besoin de l’écrire et de raconter ton histoire aux gens qui m’entourent.
Sur ta carte d’identité et ton livret militaire tu es appelé « Pierre » mais tout le monde t’appelait Louis car c’est ton second prénom et celui que tu aimais qu’on utilise. Louis Herledan naît à Kerganet, mesurant 1m68 avec les cheveux châtains foncé, les yeux gris, un nez moyen et un teint bronzé. Tu ne savais pas nager quand tu as commencé ton service militaire, mais tu savais écrire et lire. C’est avec ces qualificatifs que tu es décris sur les documents que nous gardons avec nous et qui nous raconte une partie de ton histoire. Tu étais cultivateur. Tu avais une petite exploitation et surtout tu travaillais dans des fermes plus grandes pour un petit salaire qui te permettait de vivre correctement.
A 25 ou 26 ans, ta vie s’est retrouvée boulversé car la guerre a éclaté et tu as du faire ton devoir, tu as du combattre « l’ennemi allemand ». Tu as combattu parce qu’on te l’a demandé, imposé. Tu ne devais pas réfléchir au comment du pourquoi mais jusque respecter les ordres. Un soldat ne réfléchit pas, un soldat applique les consignes. Tu étais juste un pion dans cette guerre qui a fait des millions de morts. Dans ton malheur, tu as été chanceux puisque tu es revenu de la guerre. Tu avais 29 ans quand le 11 novembre 1918 est arrivé. Tu n’étais plus un jeune homme mais un homme. Un homme qui avait vu des choses horribles autour de lui, qui avait vécu des choses affreuses mais tu étais très courageux. Ce mot revient souvent quand je veux te décrire. Dans ton livret militaire, il est écrit « soldat très brave et très discipliné qui a fait preuve de courage et de sang froid durant les combats du 24 au 31 mars 1918. »
Tu as combattu sur trois grandes batailles et cela nous en avons la certitude. Tu étais à Verdun en 1916 ainsi qu’à la bataille de la somme mais aussi sur le chemin des dames en 1917. Même si tu as été chanceux et que tu es rentré vivant de la guerre, tu as été blessé. Le 4 septembre 1914, tu as reçu une balle à la main droite et tu as aussi été blessé à la tête par une autre balle. C’était à Lenharrée dans la Marne. Le 25 juin 1916, tu as été blessé à la Boiselle, une facture du radius inférieur par éboulement. Papa m’a raconté que suite à cette blessure, tu as gardé un morceau d’obus dans le doigt et que tu ne pouvais plus le plier. La Boiselle, j’y suis allée tu sais. Je m’y suis rendue avec ton petit fils, mon père en avril 2018. Avec ton livret militaire dans les mains, nous avons essayé de retracer ton chemin, tes combats. Nous avons vu un mémorial en hommage à ton régiment, le 118ème régiment d‘infanterie de Quimper. Nous nous sommes rendus compte que ton régiment avait été massacré là bas et tu avais du voir nombreux de tes amis disparaître en peu de temps. Voir tes camarades, tes amis mourrir près de toi a du être horrible. Tu es courageux. Tu as survécu à tout ça. Tu étais courageux et chanceux car tu aurais pu mourrir 100 fois durant cette guerre et si tu étais mort, je ne serais pas là aujourd’hui pour écrire cette lettre, pour raconter ton histoire.
Tu es revenu du front, tu es revenu chez toi en Bretagne après ces choses horribles que tu avais vu et la défaite de l’Allemagne. Tu as eu la force et le courage de reprendre ta vie. Tu as trouvé l’amour et tu l’as épousé. C’est elle que j’appelle « mémé » et que j’ai eu la chance de connaître quelques années avant qu’elle ne te rejoigne. Tu as eu évidemment des enfants dont ma mamie et tu as fait construire une maison dans laquelle je me rends encore chaque année. Tu fais partie de ma vie, de mon histoire même si je n’ai pas eu la chance de faire ta connaissance.
Le devoir de mémoire c’est quelque chose d’important et de nécessaire. N’oublions pas l’horreur et les erreurs qui ont été faites dans le passé et qui ont causé le malheur de millions de gens innocents. Aujourd’hui je n’ai pas d’enfants mais je sais que si j’ai la chance d’en avoir un jour, je leur raconterai l’histoire de leur arrière arrière grand père qui était un homme très courageux et qui a combattu pour la France. Merci à toi pour tout ce que tu as fait pour ton pays et pour ta famille. Je ne t’oublierai jamais.
Ton arrière petite-fille Coralie.
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