La Tapisserie de Fionavar – la trilogie de Guy Gavriel Kay
En cet été ô combien orageux dans ma région de France, il est bien agréable de se poser sur un coin de lit avec un bon bouquin dans les mains, au son des gouttes qui crépitent sur les carreaux de la fenêtre et du tonnerre qui gronde dans le lointain. Et comme j »ai ce qu »on appelle communément le syndrome de la série – vous commencez à me connaître – c »est avec une saga du plus pur registre fantasy que je m »évade loin des éclairs. Guy Gavriel Kay est un auteur canadien qui a notamment contribué à la rédaction du Silmarillion avec le fils de J.R.R. Tolkien pendant deux ans, avant de publier ses œuvres personnelles. Les trois tomes de La Tapisserie de Fionavar, parus entre 1984 et 1986, sont ses premiers romans : L »Arbre de l’Été, Le Feu Vagabond, et La Voie Obscure. Les prérequis pour se plonger dans cette trilogie en toute quiétude ? Un goût pour les légendes arthuriennes, une grande tolérance pour les panthéons polythéistes et pluri-ethniques, un cœur bien accroché, et surtout, surtout – ne pas craindre la petite larme finale. Oui, non contente d »aimer les grandes séries de cinquante-sept tomes, je suis aussi une petite chose fragile et sensible, bien trop émotive. Certaines choses ne changeront jamais… Pour cette chronique, je traiterai la série comme un tout, sans distinguer les trois tomes les uns des autres.
Tome 1, quatrième de couverture : Notre terre n »est qu »une ombre bien pâle, le reflet d »un monde plus ancien : Fionavar, le grand univers. Cinq étudiants, Kim, Dave, Jennifer, Paul et Kevin, vont d »ailleurs le découvrir à leurs dépens : projetés dans cette autre dimension grâce au mage Loren Mantel d »Argent, ils se retrouvent très vite impliqués dans les premières escarmouches du conflit entre les forces de la lumière et celles des ténèbres. Une guerre à laquelle leur existence de simples humains ne les avait pas préparés… Dès lors, chacun d »eux devra trouver sa place au sein de la grande tapisserie qui compose le monde, afin de combattre Rakoth Maugrim le Dévastateur, qui vient de se libérer après mille ans d »emprisonnement…
Vous l »aurez compris, il y a un incontestable parfum de la Terre du Milieu dans cette œuvre, mais avec une originalité assez frappante. Cela commence dans notre monde, auprès de cinq jeunes auxquels il est aisé de s »identifier – et rapidement tout bascule, l »histoire s »affole, et entraîne nos cinq héros dans une quête trépidante qui bouleverse leur existence. Comme Fionavar est le premier de tous les mondes, le destin de chaque univers dépend directement du sien, et il est donc crucial de vaincre le mal qui s »en vient – sans quoi, c »est la vie elle-même qui sera anéantie, à tous les niveaux de la création.
J »aime la manière dont l »auteur traite la foi, la religion, le panthéon. J »aime ce Tisserand à son métier, cette divinité absolue, la force même du Destin en marche, celui qui décide et qui dirige – j »aime aussi ces dieux qu »il place dans sa création, ces êtres sujets à ces règles mais qui aident les mortels à les contourner. On est bien loin d »une opposition classique entre les dieux bénéfiques et les dieux maléfiques – dans la Tapisserie, il y a simplement le Tisserand, bienveillant mais soumis aux règles qu »il a lui-même édictées. Bien sûr, le Bien et le Mal se font la guerre en Fionavar, et il est crucial que le Mal ne l »emporte pas – et pourtant, pourtant… Pourtant. J »ai l »habitude des œuvres d »heroic-fantasy, je connais les ficelles du registre, les rebondissements, les schémas classiques… Et j »ai été surprise. Perturbée, chamboulée, bouleversée, par la richesse de l »univers créé par Guy Gavriel Kay, par le détail apporté à chaque personnage, qu »il s »agisse des cinq héros ou de la ribambelle de personnages secondaires auxquels on s »attache tout autant qu »aux autres. Frappée aussi par le réalisme de la tragédie – ici, chacun y laisse des plumes, parce que la guerre fait mal. Chacun saigne, chacun pleure, mais les instants de bonheur n »en sont que plus émouvants et plus révélateurs. Je n »aurais pas aimé une fin toute lisse, propre et gentillette – celle-ci m »a serré le cœur, mais elle est pleine de sens, profonde et cohérente. Je ne vous en dis pas plus : il faudra lire la série pour comprendre vraiment à quel point l »histoire est bien menée.
Quel que soit le caractère du lecteur, ses goûts, ses passions, il y aura nécessairement un personnage, principal ou secondaire, auquel vous pourrez vous casino identifier, tant ils sont différents et bien développés. A titre personnel, ma préférence va à Kim, peut-être à cause de son impuissance face à sa destinée, son manque de prise sur ce qui lui arrive, et son regret devant les choix qu »elle est amenée à faire. J »aime aussi beaucoup Diarmuid et Sharra, lui In your chart, the Sun is in sagittarius horoscope today and Venus, in Scorpio. par son insolence flamboyante, elle par son indépendance forcenée. Et que dire de Jaëlle, si détestable de prime abord, qui reste tout de même un de mes personnages favoris ?
Les grands thèmes de la fresque sont terriblement prenants. La lutte entre le Bien et le Mal n »est finalement que le prétexte choisi par l »auteur pour mettre en valeur bien d »autres couleurs : le libre-arbitre est un leitmotiv central tout au long de l’œuvre. La Chasse Sauvage, bon sang ! Évidemment, là tout de suite, vous n »avez aucune espèce d »idée de ce que ça peut bien être, mais je le dis tout de même Even occasional users run the risk of sudden death with cocaine use. : vive la Chasse Sauvage et l »enfant qui marche devant ! Même si, comme presque tout dans cette trilogie, c »est encore un élément tout autant bâti de gloire et d »espoir que de tragédie. Un autre thème crucial ? Le prix du pouvoir, et les obligations qui en découlent. La relation entre les mages et leurs sources en est un bon témoin : chaque mage tire son pouvoir d »un autre être vivant, mais ce faisant il épuise les forces vitales de cet être, au risque de le tuer s »il puise trop d »un coup. Et comme les mages ne peuvent se lier qu »à une seule et unique source, ils doivent garder cela constamment en mémoire, équilibrer l »intensité de leur pouvoir et l »énergie restante à leur source. J »aime cette manière de rendre les mages dépendants : on a vu trop d’œuvres où la magie ne savait être contrée. Bravo, Guy. Bien joué ! Bien sûr, sous-jacent au reste des thèmes entremêlés, l »amour se fait une place modeste mais néanmoins bien ancrée dans les romans – mon petit cœur sensible a tremblé autour des personnages arthuriens, et pour Lisèn et son tragique destin. Je ne vous en dis pas plus !
Je vous laisse à présent, avant d »en dévoiler trop et de vous ruiner tout le plaisir de la lecture. Profitez de l »été et dévorez les trois tomes ! Je conclus cet article par une citation centrée sur le personnage de Kim – il m »a été très dur de n »en choisir qu »une, pour ne pas trop vous gâcher la surprise.
Matt se détourna. Lorèn lâcha la main de Kim.
– Je n »ai pas le choix ! s »écria-t-elle – dans son cœur, et non à voix haute. Elle savait pourquoi la pierre fulgurait. Cette créature du lac possédait une puissance immense et son éclat même l »enrôlait dans l »armée de la Lumière. On était en guerre contre les Ténèbres, contre les innombrables légions de Rakoth. Kim portait l »anneau pour une raison, et c »était cette raison-là.
Elle fit un pas en avant vers les eaux encore houleuses du Calor Diman. En levant les yeux, elle vit le regard clair du Dragon fixé sur elle en une acceptation dénuée de crainte, mais d »une infinie tristesse. Cette créature, dont le pouvoir avait des racines plus profondes que tout en Fionavar, reconnaissait en Kim une puissance qui l »enchaînerait et la transformerait à jamais.
La pulsation du Baëlrath était maintenant si féroce que toute la prairie et les pics montagneux aux alentours en étaient illuminés. Kim leva la main. Elle songea à Macha et à Nemain, les déesses de la guerre. Elle songea à Ruana et aux Paraïko, en se rappelant le kanior, le dernier kanior. Par sa faute. Elle songea à Arthur, et à Matt Sören, qui se tenait non loin de là et ne la regardait pas, de peur d »essayer de la fléchir.
Elle songea au mal que les hommes vertueux commettent au nom de la Lumière, se rappela Jennifer à Starkadh. La guerre était sur eux, les environnait, menaçant les vivants de la terrible domination des Ténèbres, et tous ceux qui vivraient après eux.
« Non, dit Kimberly Ford à voix basse, d »un ton absolument définitif. J »en suis arrivée là, j »ai fait tout ce que j »ai fait jusqu »à présent. Je n »irai pas plus loin dans cette voie. Il est un point où la quête de la Lumière commence à servir les Ténèbres. »Tome 3, La Voie Obscure
Quelques informations sur la trilogie La Tapisserie de Fionavar :
Édition : J »ai Lu *
Date de sortie : 1984 à 1986 (première édition), 2001 (dernière ré-édition)
Prix : entre 6.50 et 7.80 euros par tome
Nombre de tomes : 3
* J »ai découvert cette œuvre par l »édition France Loisirs – c »était un cadeau de ma mère, je devais avoir seize ou dix-sept ans à l »époque. Elle ne savait pas, à ce moment-là, qu »elle venait de mettre entre mes mains l »une de mes séries de livres préférées, sur le podium de tout ce que j »ai jamais pu lire encore à ce jour. Les magnifiques illustrations de couverture de Sandrine Gestin valent vraiment le détour ! Merci, Maman. ♥
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