Sobibor – Jean Molla
Bonjour à tous, nous serons très larges sur les genres chroniqués alors je ne vous ménage pas pour le premier article. Bien que je ne sois pas certaine de vous transmettre toute l’émotion que j’ai pu ressentir, j’espère vous en faire parvenir une toute petite part. Et sans vouloir faire de la poésie ou philosophie de comptoir, peut-être qu’il n’y a pas de hasard. Pour débuter avec une note biographique, j’allais partir en vacances quand j’ai pointé un arrivage de livres pour la librairie. Parmi lesquels une « opération » (comprendre un arrivage d’un éditeur autour d’une collection, d’un thème…) et là c’était des Folio Poche. Je rouspète, comme à mon habitude, et je parcours les quatrièmes de couverture en me disant que je suis faible et que je vais en garder quelques-uns pour le magasin et là… l’un d’entre eux m’intrigue. Sobibor. Qu’est-ce que cela signifie ? Par un auteur que je ne connaissais pas non-plus. Je lis le résumé et découvre qu’il s’agit d’un livre qui traite d’une jeune femme anorexique et de la seconde guerre mondiale. Je le mets de côté, pensant le renvoyer plus tard et je le revois plusieurs fois. Je décide dès lors de l’emmener avec moi en voyage vers Bordeaux, à une rencontre des libraires de France. Et ce livre m’a mis une énorme claque.
Voici le résumé : « Je l’ai fait pour qu’on m’arrête », répond Emma après avoir volé des biscuits dans un supermarché. Que se cache-t-il derrière ses mots, sa maigreur extrême, sa beauté douloureuse ? Quelle est l’origine de son anorexie : l’indifférence de ses parents, le silence, les mensonges savamment entretenus ? Emma veut savoir. Emma veut comprendre son mal-être, débusquer ce secret enfoui au fond d’elle-même.
La découverte d’un vieux cahier, à la mort de sa grand-mère, fera bientôt surgir du passé d’épouvantables secrets sur le rôle de ses grands-parents au camp d’extermination de Sobibor…
Emma est tout d’abord un personnage très empathique, on la suit, on l’accompagne, on souffre avec elle. Au départ, le tableau qu’elle dépeint de sa famille est somme toute assez banale : son père, accaparé par son travail, s’occupe peu d’elle ; sa mère est effacée, soumise et assez plate. Heureusement, Emma est proche de sa grand-mère, malade. Le grand-père apparaît surtout à travers la grand-mère. La maladie de la grand-mère d’Emma la conduit à révéler des parties de son passé, qu’Emma ne comprend pas. Notamment des noms de personnes qu’elle ne connaît pas. Sa grand-mère morte, débute sa quête et au-delà de la vérité, c’est son identité qu’elle doit retrouver. Au fur et à mesure que son corps rend la nourriture, elle reprend le pouvoir. Elle veut le contrôle de son corps, à défaut de contrôler son destin.
Et l’auteur nous plonge dans un double récit bouleversant : celui d’Emma qui se détruit et peine à supporter la réalité, et un journal intime trouvé dans les affaires de la défunte qui nous conduit dans le camp de concentration de Sobibor. Finalement, tout a commencé à Sobibor. Et pour ceux qui ont vécu, tout s’est fini à Sobibor. Ce texte émeut dans la mesure où on découvre comment les hommes peuvent devenir des monstres, comment le silence peut devenir aussi meurtrier que les armes, comment la haine détruit tout ce qui reste d’humanité dans le coeur des hommes… Tout ne s’est pas terminé en 1945. Et grandir, c’est aussi apprendre à assumer son identité, son histoires, ses origines et ses responsabilités.
Sobibor nous tord les tripes. Sobibor m’a fait pleurer et énormément réfléchir. À l’heure où des Laszlo Csatari étaient encore en attente d’être jugés, à l’heure où les conflits n’en finissent pas d’envahir nos écrans, Sobibor nous pousse à nous sentir responsable. Et à refuser le silence, la passivité. Peut-être que je vais trop loin, je n’ai pas la prétention d’analyser le livre mais je pense qu’il faut le lire avec le coeur. Cette claque, je remercie Jean Molla de me l’avoir fait lire. Sobibor.
Où le réclamer avec acharnement : Chez votre ami le libraire, pas chez Amazon, naaaaaaaaan xD
Comment lui demander : Avec le sourire et l’isbn *PAF* 9782070443925
Nota bene : Je vous ai donné l’isbn du format poche, qui coûte 5.40 euros ttc.
Si vous voulez l’avoir chez Gallimard (aussi), mais collection Cripto, voici le code isbn : 9782070546121
Bonne lecture et à bientôt
C.J
https://lamalleauxlivres.com/sobibor-jean-molla/https://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/SOBIBOR.jpghttps://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/SOBIBOR-150x150.jpgLittérature - Feel goodNon classédrame,folio,Molla,poche,premier roman,Seconde Guerre Mondiale,SobiborBonjour à tous, nous serons très larges sur les genres chroniqués alors je ne vous ménage pas pour le premier article. Bien que je ne sois pas certaine de vous transmettre toute l'émotion que j'ai pu ressentir, j'espère vous en faire parvenir une toute petite part. Et sans vouloir...Christine JuilletChristine Juilletrpgirl@hotmail.frSubscriberDiplômée en langues étrangères et métiers du livre, elle est libraire et passe ses journées entre les livres, les carnets et les stylos. La tête ailleurs, elle adore voyager que ce soit avec son sac à dos ou un livre entre les mains. Rencontrer des rêveurs, des aventuriers, des personnages torturés, c'est son dada. Ses genres préférés sont les drames contemporains et les littératures de l'imaginaire.LA MALLE AUX LIVRES
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