Le Printemps du loup – Andrea Molesini
Reçu en service presse à la librairie où je travaille, j’ai lu « Le printemps du loup » parce qu’il se déroule durant une période historique qui m’intéresse mais surtout en Italie et du point de vue d’un enfant. L’histoire, c’est celle de Pietro qui vit dans un couvent avec quelques autres personnes et ils sont obligés de fuir lorsque les Allemands ont entendu parler de la présence de Juifs et donnent l’assaut. Il va sortir le 20 août à l’occasion de la Rentrée Littéraire et je ne connaissais pas l’auteur avant cette découverte donc je remercie une fois encore Calmann-Lévy pour cet envoi. Sans attendre, je vous mets la quatrième de couverture ainsi que la quatrième de couverture.
Pietro a dix ans. Orphelin rêveur et débrouillard, il possède son univers et son langage à lui, à la fois cocasses et surréalistes. Ainsi quand il quitte précipitamment, au printemps 1945, le couvent de Saint-François-du-Désert, c’est pour fuir les « hommes d’A-H », autrement dit les Allemands. Avec lui un petit groupe hétéroclite : Dario, son meilleur ami taiseux mais fort en maths, qui s’il a les oreilles décollées n’a pas pour autant tué Jésus ; deux vieilles dames juives, les sœurs Maurizia et Ada Jesi ; et puis Elvira, une jeune religieuse, aussi suspecte que belle, qui tient un journal et dont le récit alterne avec celui de Pietro. Traqués par les nazis, ils reçoivent l’aide d’un pêcheur « qui vit comme une mouette » et d’un frère énergique « aux silences qu’on écoute ». Ils seront rejoints par un déserteur allemand, dont le secret affectera de manière tragique le destin collectif. Sous des lunes immenses, au cœur de forêts noires et de fermes en ruines, leur folle équipée les conduira au-devant de partisans et fascistes désorientés, alors que la guerre touche à sa fin : si les hommes et les lieux sont chargés de défiance et de terreur, une lueur de bonté réussit, de temps en temps, à percer les ténèbres. À travers ce texte d’une grande délicatesse, truffé de trouvailles poétiques et drôles, Andrea Molesini s’impose décidément comme l’un des plus grands écrivains italiens contemporains.
Alors alors plusieurs choses et je commence par la narration : notre narrateur principal est Pietro. La narration par un enfant est quelque chose à mon sens de très difficile à faire car il ne faut pas perdre le lectorat qui, lui, est adulte ; et en même temps ça donne une perspective tout à fait différente au texte. J’avais déjà lu un texte raconté par un enfant mais qui était deux fois moins âgé que Pietro et j’avais eu pas mal de difficultés à m’intégrer dans l’histoire mais j’ai l’impression qu’à partir de 8-9-10 ans, ça va. Pietro est rêveur, il a tout un univers qu’il emmène avec lui dans sa fuite. D’abord, il ne désigne jamais son meilleur ami comme « Un Juif » mais par des petits traits physiques, des qualités et impressions qui lui sont propres même si on comprend rapidement -et Pietro aussi- que c’est bien sa religion qui rend Dario si particulier. Les personnages qui vivent avec lui sont décrits avec une grande tendresse par les histoires qu’ils racontent, leur comportement et ce qui est amusant à noter, c’est l’interprétation que Pietro fait au fil du texte. Ces gestes « adultes », il nous les décrits et nous les comprenons en tant qu’adultes, et soudain notre perception est heurtée par les yeux de Pietro. Petit à petit, le rêve de Pietro prend pied dans le récit à travers la figure du loup. Au début septique quant à ce « personnage », j’ai rapidement été séduite par sa présence. Il ne soulage pas la dure réalité mais il permet de l’étouffer un peu. Il serait comme le doudou que Pietro pourrait serrer en fermant les yeux, ce doudou qui est sensé pouvoir faire fuir les monstres qui sortent de sous le lit. Du moins, c’est ainsi que j’ai perçu cette figure. Ce qui est assez amusant, c’est que Dario a aussi sa fantaisie et elle cohabite avec celle de Pietro. Tout cela donne une tendresse et une justesse au texte qui sont parfaites. On nous laisse entrevoir la dureté des événements mais on n’est pas dans un roman qui se résume à une fuite.
Ce roman, c’est aussi des rencontres. À travers la marche, la course, les balles et les larmes, les personnages rencontrent leur destin. J’ai été souvent peinée du destin de certain et vous serez à la fois attristés et choqués par la fin si vous adoptez les protagonistes comme moi. Je n’aurais pas insisté sur « Elvira, belle et suspecte » dans la quatrième car finalement, son rôle est assez égale à celui des autres compagnons de route de Pietro. Néanmoins le fait qu’elle tienne son journal apporte un point de vue supplémentaire à l’histoire. Il ne permet pas de comprendre les faits qui sont déjà très clairs, mais simplement de les voir encore autrement. Ça apporte beaucoup d’empathie et ça permet aussi de suivre cette jeune femme qui a dû fuir et qui s’inquiète pour sa famille. Et surtout, j’ai collé énormément de post-it dans le texte qui est vraiment bien écrit -ou au moins bien traduit-. Il y a une multitude d’images vraiment superbes et de réflexions vibrantes de vérité et de sincérité. Je devrais vous les copier mais celle qui me vient immédiatement à l’esprit est la réflexion que fait Pietro que la fin de la guerre va arriver (les alliés sont attendus, durant tout le livre pour ainsi dire) et que les Allemands qui sont là, ils voient une chose, ils devront aussi sauver leur vie. Ça et deux personnages de la fin, ça m’a fait penser qu’il y avait les Nazis (les SS, plus sauvages bien sur) et les soldats, ceux qui avaient la haine entre eux et sont qui croyaient se battre. Une guerre, inégale. La poursuite d’une femme, d’enfants, de femmes âgées, d’homme d’église… Une guerre inégale. Très beau roman qui, j’espère, se fera une bonne place dans la rentrée littéraire.
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