Le fond des forêts – David Mitchell
Une nouvelle lecture fraîchement terminée et rendue à la bibliothèque, qui avait mis ce roman en coup de cœur. Mais même sans cela, j’aurais certainement lu ce livre un jour où l’autre, puisque je connaissais déjà l’auteur. David Mitchell a en effet écrit plusieurs romans, dont un que j’ai particulièrement adoré –comme certains le savent sûrement-, à savoir Cloud atlas (ou justement traduit Cartographie des nuages). Et si l’histoire est totalement différente, le style de l’auteur se reconnaît et l’on tombe même sur certaines surprises à la lecture de ce roman.
« Superman 2 passait à la télé. Je l’avais vu au cinéma de Malvern il y avait à peu près trois ans. Le film était assez bien mais pas au point de lui sacrifier un lac gelé rien qu’à moi. Clark Kent renonce à ses pouvoirs tout ça pour avoir des rapports sexuels avec Lois Lane dans des draps de satin. Qui serait assez stupide pour faire un échange pareil ? Quand on peut voler ? Dévier des missiles atomiques vers l’espace ? Remonter le temps en faisant tourner la Terre à l’envers ? »
1982, dans un petit village du Worcestershire. Jason Taylor, treize ans, essaie de réussir son entrée dans l’adolescence. Et ça n’est pas chose facile. À l’école ou chez lui, Jason affronte l’incompréhension et le mépris : ses camarades raillent son bégaiement, ses parents ne cessent de se disputer. Mais Jason mène une vie secrète, dans un monde à lui peuplé de visions étranges et de figures ambiguës. Portrait de famille, chronique de l’Angleterre de Thatcher, roman d’apprentissage à la lisière du fantastique, Le Fond des forêts est avant tout une suite de variations éblouissantes sur l’adolescence et ses multiples facettes. Après Écrits fantômes et Cartographie des nuages, deux romans qui traversaient l’espace et le temps, David Mitchell nous offre un texte plus personnel, d’une puissance poétique exceptionnelle.
Nous suivons dont Jason, un jeune adolescent anglais dans les années 1980 et à travers les yeux duquel nous allons observer cet étrange monde. Monde pas si étranger, car nous avons tous vécu cette période, très justement dépeinte avec sensibilité par l’auteur. Et comme il le souligne, malgré tout ce que les adultes peuvent en dire, c’est loin d’être une période d’insouciance et de bonheur. Entre les brimades à l’école, sa famille peu compréhensive, les règles qu’il faut suivre pour ne pas être relégué dans le camp des loosers, sa survie de tous les jours contre son bégaiement ; tout est loin d’être simple. Mais contre la dureté de sa vie, Jason se réfugie dans son univers à lui, prenant ainsi ses distances avec un monde qu’il ne comprend pas toujours et dont les règles sont bien cruelles. Poète dans l’âme, mais qui se cache par honte de paraître ridicule aux yeux des autres jeunes. Mais cela ne l’empêche pas de porter un regard particulier, à la fois poétique et critique, à ce qui l’entoure.
On peut ne pas tout de suite accrochera l’histoire, somme toute assez banale d’un adolescent. Et pourtant, on ne peut que reconnaître qu’il y a de la justesse dans ses propos et ses remarques, toujours d’actualité même maintenant. Et constater que Mitchell décrit décidément à merveille cette période délicate entre l’enfance et la maturité. Face à la cruauté du monde, Jason doit accomplir ce que chacun doit faire, à savoir, trouver son chemin et sa place dans un monde où ceux qui ne rentrent pas dans le moule de la normalité sont lynchés sans aucune pitié. Porté par la poésie à travers laquelle il décrit cette dure existence, on se prend d’affection pour ce jeune garçon qui souffre face à la dureté du monde, chose que nous vivons tous, chacun à notre manière. On se laisse donc plonger dans cette existence simple, mais rocambolesque de par la vision poétique avec laquelle elle est racontée.
Le style, simple et enchanteur, illustre donc tout à fait cette façon de voir le monde. Si Jason reste un adolescent, avec sa manière de penser ou de s’exprimer, il y a indéniablement quelque chose en plus. Lui qui craint tant de prononcer les mots est pourtant si doué lorsqu’il s’agit de les coucher sur le papier et de les faire résonner. C’est à la fois sa faiblesse, mais également sa grande force.
Enfin, pour ceux qui auront eu le courage de lire Cloud Atlas, ils auront le plaisir –ou le déplaisir- de retrouver un personnage qui y apparaît également, mais je n’en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise. J’ai en tous cas trouvé cela très sympa, et cela me donne envie de découvrir le reste des œuvres de cet auteur dont l’univers semble si varié et pourtant si lié.
Editions : Éd. de l’Olivier
Date de sortie : 2009
Prix : 23 euros
Nombres de pages : 473 pages
ISBN : 978-2-87929-612-8
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