Interviews complètes des auteurs [ Dossier Auto-édition ]
Dans le cadre d’un gros dossier sur l’auto-édition, j’ai eu la chance de pouvoir poser des questions à six auteurs qui sont auto-édités ou qui sont entrain de franchir le pas. Je les remercie une nouvelle fois d’avoir pris le temps de répondre à mes nombreuses questions et d’avoir éclairer ma lanterne sur de nombreux sujets. J’ai lu des romans auto-édités de tous ces auteurs et je les ai adoré. En utilisant le moteur de recherche de la malle aux livres ( en haut, à droite ), vous pouvez taper le nom d’une des six auteurs et vous retrouverez toutes mes chroniques sur ses livres.
Peux-tu te présenter en quelques mots et nous expliquer comment tu es arrivée à faire le choix d’auto-éditer ton/tes romans et pourquoi? ( tu as le droit à même quelques phrases pour expliquer ton parcours jusqu’à l’auto-édition )
Axelle Auclair: Bonjour. Je suis Axelle Auclair et j’écris depuis cinq ans. Au début, juste pour le plaisir sur Wattpad, et maintenant, toujours pour le plaisir, mais j’ai reçu des propositions de contrat par plusieurs maisons d’édition. Pour les motifs que je détaille en-dessous, j’ai finalement décidé de les auto-éditer.
Julie Christol: Bonjour. Tout d’abord merci de m’avoir donné l’opportunité de répondre à cette interview. Il me semble important de pouvoir témoigner pour que les auteurs sachent qu’il n’y a pas que la voie des maison d’édition pour réaliser se rêves de publication. J’ai 37 ans, je suis maman d’un garçon de 16 ans. Je suis actuellement auteur à temps complet. Le choix de l’auto-édition m’est venu à cause de mes désillusions suite à mes publications en maison d’édition. Je voulais retrouver une liberté d’action que ce soit pour mes couvertures, dates de sortie et surtout garder pleinement les droits sur mes romans. D’abord plubliée en maison d’édition, je me suis beaucoup renseigné, je me suis entourée de personnes professionnelles pour tout ce qui touchait à mes livres avant de me former moi-même au graphisme. Je travaille toujours avec une correctrice certifiée, Audrey Briant, qui chouchoute mes romans pour proposer une qualité au top pour mes lecteurs.
Amélie C. Astier: Salut, je suis Amélie C. Astier, aussi connue sous le pseudo « Amheliie ». J’écris depuis plus de sept ans maintenant. Je suis arrivée dans l’univers de l’autoédition suite à l’aventure de la Fan Fiction, je publiais sur un site web chapitre par chapitre mes histoires, puis, un jour, j’ai eu envie de publier mes romans en intégralité sur une plateforme en ligne. C’est ainsi que j’ai commencé à m’auto-édité. Aujourd’hui, si je choisis l’autoédition avant tout, c’est pour la liberté qu’offre ce processus. Nous sommes le seul capitaine à bord de notre navire, nous n’avons pas de contraintes et pas de limites.
Anna Briac: Je m’appelle Anna Briac, j’ai publié beaucoup en jeunesse, en édition traditionnelle, sous le nom d’Anne Ferrier, et pour mes romans adultes j’ai choisi l’auto édition, qui me faisait de l’œil depuis un moment. J’ai tenté « pour voir », et il se trouve que j’ai beaucoup aimé !
Loraline Bradern: J’ai commencé par écrire sur Wattpad et c’est là que plusieurs maisons d’édition ont repéré d’abord Unité d’Elite. J’ai signé presque immédiatement pour Unité d’Elite avec une ME française. Trois semaines après deux autres ME ont pris contact avec moi pour Combat d’Amour alors que je venais d’envoyer le tome 1 en soumission à d’autres ME. Pour ce deuxième contrat j’ai pris mon temps pour peser le pour et le contre, d’autant plus que j’attaquais les révisions éditoriales de UE et que je commençais à toucher du doigts certaines difficultés. Je me suis finalement décidée pour signer avec une ME canadienne quelques mois après.
J’ai sorti 6 livres en 1 an ½ à peu près et ce laps de temps a été suffisant pour que je me rende compte des limites des maisons d’édition. Je dois dire que j’ai été un peu dégoûtée de voir tous les efforts que j’avais faits et les heures passées aussi mal « rétribuées » et j’ai donc décidé de tenter l’aventure de l’auto édition
Mily Black: J’écris depuis plus de douze ans maintenant sous le pseudonyme de Mily Black. J’ai signé chez Harlequin / Harper Collins en 2013 pour ne plus les quitter. En 2016, j’ai fait une courte immersion chez Diva / Charleston avec deux livres : Petits dérapages et autres imprévus et Sextoys et bulles de savon.
Quelles sont les raisons qui t’ont poussées à te lancer dans cette aventure ?
Axelle Auclair: Ce qui m’a décidé, ce sont des points de désaccord. Des clauses ne me convenaient pas, comme la clause préférentielle (c’est un total niet pour ma part) ou le fait que certaines maisons d’édition sortent uniquement le ebook et attendent pour la version papier (en fonction des ventes donc qui peut ne jamais arriver). Mon livre, je le voulais entre mes mains, tant qu’à faire. Autre point : l’une d’elle m’obligeait à changer de nom pour en utiliser un autre chez eux (et cerise sur le gâteau : interdit de l’utiliser ailleurs que chez eux). Je suis une personne, pas une machine à écrire dont on peut changer la marque. Point suivant : le fait que certaines maisons d’édition imposent leurs couvertures ou qu’elles ne sont pas efficaces pour la publicité. Dernier point, le manque de rigueur de certaines ME qui ne remplissent pas leur part de contrat, notamment en ne versant pas les droits à leurs auteurs.
Julie Christol: Etant une auteure novice, j’ai commis des erreurs dans mes premières publications, signant deux contrats d’apparence alléchants avant de réaliser que je cédais mes droits à vie. A partir de là, j’ai choisi de ne plus laisser mes droits et de faire de romans ce que j’avais en tête. La liberté que j’ai gagné depuis que je publie en auto-édition n’a pas de prix. Je choisis mes propres dates de sortie, mes couvertures, mes histoires.
Amélie C. Astier: L’envie de partager mes histoires avec un grand nombre de lecteurs.
Anna Briac: L’envie de maîtriser d’un bout à l’autre tout le processus, de pouvoir avoir un œil sur toute la chaîne, parce que sinon, c’est très obscur. Je voulais tester le fait d’être maître à bord, et gagner un peu plus d’argent, aussi. Et honnêtement, c’est super !
Loraline Bradern: Le fait d’être libre surtout. Pouvoir choisir sa couverture, qu’elle ne me soit pas imposée et corresponde à mes goûts. Je voulais aussi pouvoir rester maîtresse de mon texte, qu’on ne me coupe pas des passages entiers que j’estimais importants pour la compréhension de la psychologie du personnage. De la même manière je voulais pouvoir choisir d’avoir un prix pas trop élevé pour le numérique pour les lectrices. Je voulais aussi que les coquilles potentielles puissent être enlevées rapidement des ebooks au lieu de rester en l’état comme c’est le cas avec les ME qui ne rectifient pas lorsqu’on leur signale ou alors très longtemps après. Et puis il faut être honnête je pensais que les ME étaient chargées de faire la pub et tout le boulot de com pour vendre les livres mais je me suis rendue compte que ce sont les auteurs qui doivent s’en charger s’ils veulent avoir un peu de visibilité donc au final ça revient au même que lorsqu’on est autoédité sauf qu’en autoédition on récolte le fruit de son travail, pas des miettes. Et puis surtout lorsqu’on est en autoédition on peut suivre ses ventes et être payé régulièrement, ce qui n’est pas le cas avec les ME où on n’a un bilan (et encore ce n’est pas détaillé et très opaque et on n’a aucun moyen de vérification) des ventes qu’une fois par an et où on est payé au bout d’un an ou 18 mois.
Mily Black: Comme le tome 1 (Sextoys et bulles de savon) était publié chez Diva / Charleston, je n’ai pas proposé Mon ange, mon pirate et Secrets fondants et mojitos à Harlequin / Harper Collins. Après une longue discussion avec mes relectrices, je me suis laissé convaincre et en 2019 je les ai publiés en auto-édition.
As-tu eu des craintes avant de te lancer ? Si oui, ont-elles disparues rapidement ou sont-t-elles toujours présentes ?
Axelle Auclair: Je partais avec juste l’envie de faire plaisir à des lectrices qui me connaissaient et d’avoir mon livre entre mes mains. Donc, peu d’exigence et peu d’attente, je me lançais en pensant vendre une centaine de livres et je trouvais ça déjà très bien.
Julie Christol: Bien sûr, j’ai eu très peur de ne pas y arriver. J’ai commis des erreurs de débutants, vite corriger par ma professionnalisation. S’entourer de personnes compétentes est essentiel : graphiste, correcteur pro. J’ai eu le soutien d’auteurs qui avaient déjà fait ce choix notamment pour la création de mon entreprise et la paperasse lié à ce statut. Ma plus grande peur tenait dans la crainte que les lecteurs n’aiment pas mes histoires. Certains me soutiennent depuis le tout début et m’ont aidé à surmonter les doutes et les hésitations. Aujourd’hui, cela fait plus d’un an que je fonctionne en auto-édition et les craintes se sont apaisées suite au petit succès que rencontrent mes histoires. J’ai désormais une grande motivation pour continuer à m’améliorer, à toujours proposer des romans prenants. Chaque sortie m’apporte toujours son lot de stress, cela ne s’est pas arrangé !
Amélie C. Astier: Pas vraiment, au début, je n’avais pas conscience des tenants et des aboutissants, je n’avais pas vraiment de craintes, j’étais juste heureuse de pouvoir partager mes écrits. Maintenant, j’ai surtout « peur » que ce rêve magnifique s’arrête un jour. Mais au quotidien, je suis satisfaite de ce challenge qu’est l’autoédition.
Anna Briac: La peur de ne pas arriver à gérer la mise en page du fichier, faire des couvertures, maîtriser la publicité, … Et en fait, un pas après l’autre, on y arrive.
Loraline Bradern: Oui bien sûr ! Elles sont toujours présentes car mon premier livre en AE n’est pas encore sorti et là je découvre les « joies » de la mise en page, des démarches administratives etc.
Mily Black: Des craintes ? J’en ai toujours, et j’aime à croire que c’est ce qui m’aide à m’améliorer. Elles n’ont pas disparu et resteront certainement jusqu’au bout que ce soit en auto-édition ou en maison d’édition.
As-tu des regrets ? Des choses que tu aurais voulu faire différemment ?
Axelle Auclair: Non, cette aventure a été géniale, je la revivrais tel quel avec bonheur.
Julie Christol: Oui, les premières erreurs commises au début, mais elles m’ont beaucoup appris. J’essaie à mon tour de soutenir les auteurs indépendants et de répondre à leur question quand il le faut pour qu’il ne fasse pas les mêmes bourdes que moi ! J’ai eu la malchance de tomber sur des personnes peu professionnelles et je suis désormais entourée de personnes de confiance. Mes bétas, ma correctrice qui sont investies à 100% à mes côtés.
Amélie C. Astier: Non, pas de regrets, mais il y a certaines choses que j’aurais pu faire différemment si j’avais eu les connaissances pour ne pas faire « de boulettes ». Être en autoédition nous pousse à apprendre par soi-même et à être très débrouillard. Parfois, ça fonctionne du premier coup, parfois, ça plante. L’important, c’est de savoir se remettre en question et de s’améliorer à chaque expérience.
Anna Briac: Non, aucun, j’aime être passée par l’édition traditionnelle avant : ça m’a permis de savoir ce que je voulais (et surtout ce que je ne voulais plus). J’ai appris, et grandi dans ce cadre, et c’était bien. Je me suis envolée, mais j’ai aimé ces années.
Loraline Bradern : Oui. J’aurais voulu moins me précipiter sur les signatures de mes premiers contrats pour pouvoir éviter certains pièges.
Mily Black: Des regrets ? Connais pas ! J’ai pour habitude de ne jamais revenir sur ce qui a été fait. C’est une perte de temps et une source de stress inutile.
Qui dit auto-édition… dit pas d’éditeur qui relit ton texte et qui te corrige. Enfin, si mais c’est toi. En effet, tu deviens l’éditeur de ton propre texte. Comment procèdes-tu pour être certaine que ton histoire va plaire? Utiles-tu des bêta-lecteurs? Fais-tu appels à un correcteur pour la syntaxe et l’orthographe ?
Axelle Auclair: J’ai toujours eu des bêtas lectrices, elles lisent au fur et à mesure de la création et donnent leur avis avec franchise, quitte à me faire recommencer des chapitres. Pour l’édition, j’ai trois correctrices qui passent après mes multiples passages (je relis et reprends mon histoire au moins cinq fois avant de leur envoyer le texte) et je relis encore une fois après leurs corrections.
Julie Christol: J’ai une correctrice professionnelle, Audrey Briant, qui est certifié (c’est un gage de compétence). Pour les auteurs qui se lancent, méfiez-vous. Certains correcteurs n’ont pas la certification et vous risquez de ne pas avoir le résultat voulu ! Je relis plusieurs fois mon histoire puis le présente à mes bétas lectrices qui me donnent leur avis sur la qualité, sur les incohérences probables, sur ce qu’aimeraient trouver les lecteurs dans mes romans. Mary Dfz est celle qui me suit depuis le début et qui m’inspire certains passages dans mes romans. Mon style s’est toujours orienté vers les histoires à suspense, il est donc important pour moi d’être cohérente et de maintenir le lecteur en haleine jusqu’à la fin.
Amélie C. Astier: Je travaille avec des bêtas-lecteurs, des correctrices, des relectrices et des collègues auteurs sur le texte, chacun à sa spécialité. On forme une vraie équipe sur chaque publication pour essayer de rendre le livre le meilleur possible.
Anna Briac: Déjà, j’ai des bêtas lectrices de la mort qui tue qui font un travail formidable ! <3 <3 <3 Ensuite, sur l’orthographe, même s’il m’arrive de laisser passer des coquilles, je suis prof de français, donc ça va. En revanche, pour le prochain, il est probable que je fasse appel à un correcteur non pas pour la correction de la langue, mais pour le fond, le rythme, … Quelqu’un qui jouera le rôle de l’œil extérieur de l’éditeur, parce que c’est indispensable.
Loraline Bradern: J’ai des beta lectrices tout au long de l’écriture ainsi que les lectrices de Wattpad qui me permettent de prendre la température et savoir si le texte plait ou pas, s’il y a des choses à modifier ou à creuser. Ensuite j’ai des betas pour la lecture finale lorsque le texte est bouclé. Pour finir je traque les fautes qui restent avec Antidote.
Mily Black: Il est très difficile d’avoir du recul sur son propre travail et encore plus sur un manuscrit. Il me parait totalement impossible de proposer un texte à mes lecteurs sans qu’une personne extérieure n’y ait jeté un œil pour relever les incohérences et les erreurs. J’ai donc quatre fidèles relectrices qui lisent et retravaillent mon texte à différents niveaux (en cours, terminé et prêt à envoyer)
Fais-tu appel à un professionnel extérieur que ce soit pour la couverture, la correction de ton texte ou autre chose ? Si, oui, Pourquoi ? Et comment l’as-tu choisi ?
Axelle Auclair: Pour mon premier roman, j’ai fait appel à une graphiste pour la couverture. Maintenant, je les fais toutes moi-même, c’est plus pratique quand on veut modifier quelque chose rapidement (mais j’ai des notions de Photoshop assez poussées, je travaillais dessus avant).
Julie Christol: Au début, j’avais une graphiste pro pour mes couvertures car je n’avais pas la compétence pour les faire. A force de travail, j’ai appris sur le tas et je suis désormais autonome pour la création de mes couvertures. Ce n’était pas une question de budget, mais d’organisation. Faire mes couvertures moi-même me laisse une liberté supplémentaire pour le choix des images, de la mise en page et surtout, il m’arrive de modifier souvent des couvertures avant de publier, ce qui demanderait une totale disponibilité d’un graphiste ce qui n’est pas toujours faisable. En revanche, la chose sur laquelle un auteur indépendant ne peut pas faire l’impasse, c’est le correcteur ! C’est une obligation, peu importe notre niveau en orthographe, nous ne pouvons pas tout voir. A force de lire et relire nos romans, nous ne voyons plus les fautes ni les erreurs. Je l’ai choisi après avoir fait sa rencontre sur les réseaux sociaux. Après un premier essai sur l’un de mes romans et au vu de la qualité de son travail, j’ai enfin trouvé la perle ! Elle relit plusieurs fois, elle est pointilleuse, exigeante et perfectionniste, des qualités essentielles à un bon correcteur.
Amélie C. Astier: Nous faisons quasiment tous nous-même avec ma co-auteure et notre équipe bénévoles. Sauf pour une chose : la création de la couverture papier où nous avons besoin d’une graphiste.
Anna Briac: Pour le moment, je fais toute seule, pour des raisons de finances mais aussi parce que je veux apprendre, et je dois me frotter à tout ça avant de pouvoir expliquer précisément à quelqu’un ce que j’attends. Mais je pense au fil du temps me tourner davantage vers des aides extérieures, pour professionnaliser encore plus mes romans.
Loraline Bradern: Oui j’ai fait appel à une graphiste pour les couvertures. Tout simplement parce que je ne suis pas très douée avec Photoshop mais surtout parce que c’était une graphiste qui m’avait fait bénévolement des couvertures pour Wattpad. Il me semblait normal de la faire travailler de manière rémunérée lorsque j’ai eu besoin de faire une couverture.
Mily Black: Pour la correction de mon texte, en plus de mes bêta-lectrices, j’ai donc fait appel à une éditrice / correctrice avec qui j’ai déjà travaillé de nombreuses fois. J’ai toute confiance en son travail et en son jugement, ce qui me permet de tuer dans l’œuf toute crainte naissante.
Pour compléter ma question précédente, malheureusement, les professionnels ne travaillent pas gratuitement alors est-ce que tu investis tes propres deniers dans ton histoire avant même de la vendre ? Quel rapport as-tu avec cela ? Acceptes-tu le pari de donner avant de recevoir ?
Axelle Auclair: Il faut bien réfléchir avant de se lancer, se poser les bonnes questions : si mon livre a une couverture pourrie et s’il est truffé de fautes, se vendra-t-il ? Il y a peu de chance. Faire appel à un professionnel pour résoudre le problème est la meilleure solution et c’est normal de le payer, bien sûr. Mais l’investissement en vaudra la peine.
Sinon, l’avantage avec une certaine plateforme de vente, c’est qu’on n’avance pas un centime. On peut donc attendre avant d’investir comme par exemple dans les marque-pages pour faire de la publicité.
Julie Christol: Comme on dit, tout travail mérite salaire. Ma correctrice à des tarifs en fonction de la correction demandée et de la taille du roman. Je gère ma comptabilité seule, je garde donc toujours un budget pour payer les professionnels. Il y a peu, j’ai commandé un trailer à M.A. VISION de Maya Aasri. Cela a été un investissement, un pari sur ma dernière saga. C’est un budget, mais je voulais vraiment investir pour faire plaisir à mes lecteurs et pour donner vie à cette saga. Cela me semble normal de payer pour un travail, c’est évident. Je ne suis pas le genre d’auteur à profiter des autres gratuitement. C’est une question de confiance entre professionnels. Pour les auteurs qui débutent et qui n’ont pas le budget pour tout faire, je conseille de faire des choix. Les correcteurs sont une obligation. Vous pouvez demander à des proches de relire vos histoires pour repérer les premières fautes par exemple. Pour le graphisme, il est possible de faire soi-même une couverture avec peu de moyens, mais il deviendra vite vital de proposer des couvertures à la hauteur de vos histoires. J’ai commencé doucement, avec un budget très limité. Mais si vous faites le choix de vous professionnaliser, les lecteurs s’en rendront compte et vous éviterez les mauvais commentaires sur la qualité de ce que vous leur proposez.
Anna Briac: L’avantage de l’auto édition c’est que ça ne coûte rien, ou presque, de se lancer (ça peut coûter 0€). Maintenant, oui, j’investis davantage, notamment en publicité, et dans certaines applications (genre Canva). Ça fait partie du pari, en quelque sorte. C’est comme pour l’Oréal, tu vois ? « je le vaux bien » !
Loraline Bradern: Pour être franche j’ai investi une grosse partie de mes droits d’auteur obtenus par la vente de mes livres en maison d’édition. J’accepte le pari dans une certaine mesure. Au début j’ai investi personnellement pour les goodies de mes livres édités en ME et puis je me suis rendu compte que financièrement c’était un mauvais plan puisque ça me coûtait de l’argent pour promouvoir des livres sur lesquels je ne touchais même pas 10% du prix de vente. En revanche ça ne me pose pas de problème maintenant car en étant autoédité je sais que les investissements que je fais vont me revenir. Là j’investis pour moi, pas pour une maison d’édition qui va en retirer le bénéfice alors que je n’en aurai qu’une infime partie.
Mily Black: Oui, j’accepte le pari et pour une bonne et simple raison : je ne veux pas risquer de proposer un texte qui n’a pas été correctement retravaillé. Mes lecteurs paient pour me lire, il est donc normal que je m’assure de leur offrir une histoire de qualité tant sur le fond que sur la forme.
Si tu as été édité chez un éditeur traditionnel, pourquoi l’avoir quitté?
Axelle Auclair: J’ai fait l’inverse. J’ai finalement cédé ma première histoire auto-éditée à une maison d’édition (Hugo New Romance). Le contact avec l’éditrice a été excellent, c’est une ME que j’apprécie et j’ai une confiance totale en eux (critère le plus important, d’ailleurs).
Julie Christol: Je n’ai pas quitté mon éditeur car engagée par un contrat. Cela a été un tremplin pour moi et cela m’a permis de réaliser ce que je voulais ou non pour mes romans. Si l’occasion se présente, je récupèrerai mes droits, mais ça ne sera pas pour tout de suite. J’ai tiré un trait sur cette partie de ma vie d’auteur et ne souhaite plus désormais resigner en maison d’édition. C’est une voie qui ne me convient pas et malgré ce que certains pensent, ce n’est pas la seule manière de publier. La reconnaissance vient des lecteurs à mon humble avis, pas de la taille de la maison d’édition dans laquelle nous sommes publiés. Je comprends pourquoi certains auteurs ne voient l’aboutissement de leur carrière qu’en signant en maison d’édition, mais je ne suis pas du tout sur cette position. Beaucoup d’auteurs indépendants ont désormais plus de succès que certains dans des maisons prestigieuses.
Amélie C. Astier: Quand on signe chez certains éditeurs, on signe au « contrat », c’est-à-dire que c’est pour un livre pas forcément pour plusieurs, avec ma co-auteure c’est ce que nous avons fait. Du coup, quand le livre sort et que le travail édito est fini, il peut ne pas y avoir d’autres textes publiés chez une maison d’édition. On ne quitte pas « toujours » un éditeur, on saisit plutôt des opportunités de collaborations.
Anna Briac: C’était en jeunesse, et je n’en écris plus pour le moment. Mais de façon générale, j’estime désormais que mon travail mérite que je gagne davantage que 0.40 ct par exemplaire vendu.
Loraline Bradern: J’étais dans 2 ME différentes et je n’ai pas rencontré les mêmes difficultés avec les deux, cela dépend des ME, mais il y a eu quelques points communs :
– les bilans de vente invérifiables et qui ne sont communiqués qu’une fois par an et souvent en retard et le paiement des droits d’auteur qui s’effectue presque un an et demi après et souvent avec du retard également.
– communication et publicité quasi inexistante de mes livres auprès du public.
– lutte inexistante ou inefficace contre le piratage illégal.
Mily Black: Je n’ai pas quitté Harlequin / Harper Collins. Je le dis, le répète et le chante (ou pas). C’est juste, que d’après moi, ces deux textes n’auraient pas eu leur place dans leur catalogue. De plus, je suis suffisamment productive pour ne pas leur proposer tout ce que j’écris. Mon ordinateur est plein d’histoires qui ne demandent qu’à rencontrer leurs lectorats, mais tout vient à point à qui sait attendre.
Si tu n’as jamais été édité chez un éditeur traditionnel, est-ce que ça serait une sorte de « consécration » pour toi ? Refuses-tu l’édition traditionnel ?
Axelle Auclair: Non, je n’ai pas signé chez Hugo en le prenant comme une consécration, même si ça m’a fait très plaisir. J’ai accepté et voulu travailler avec eux parce j’aime cette maison d’édition et que je voulais travailler avec l’éditrice afin de m’améliorer. On échange beaucoup avec une bonne éditrice et la mienne a été géniale, elle m’a beaucoup appris. Au final, c’est un excellent échange, une histoire contre un apprentissage sur l’écriture pour mes prochains romans.
Julie Christol: Cela rejoint ma réponse précédente. Cela n’a rien d’une consécration pour moi. L’avis d’un éditeur sur mes histoires ne représente rien en comparaison de celui de tous mes lecteurs. Je propose aujourd’hui un travail équivalent voir supérieur à ce que propose les maisons d’édition. Encore aujourd’hui, cela m’arrive de trouver des fautes flagrantes dans des romans publiés en maison d’édition. La seule chose qu’ils ont de plus, est la mise en librairie des romans. Mais avec l’ampleur des achats en numérique et des impressions à la demande d’Amazon, mes romans sont disponibles sur un simple clic. L’édition traditionnelle est contestable, mais il faut de tout. Les auteurs se lancent en auto-édition car ils sont au bas de l’échelle en maison d’édition. Ils sont ceux qui touchent le moins dans la chaine de l’édition alors que sans eux, il n’y aurait pas de livre. Nous n’avons aucun statut en édition traditionnel, sommes payés à l’aveugle sans pouvoir savoir vraiment comment se vendent nos romans. L’auto-édition me permet de garder la main de A à Z.
Un auteur touche environ 6 à 8% du prix de vente sur un roman papier et 15 à 20% sur la version numérique. Est-ce que financièrement c’est plus avantageux pour toi d’être auto-édité ?
Axelle Auclair: Carrément ! Les gains ne sont absolument pas comparables sur une vente. Mais… et c’est là que ça se calcule… si on sort un livre en auto-édition et qu’on en vend très peu, ben on gagne peu. Si on sort un livre en ME et qu’on en vend beaucoup plus, ce sera plus intéressant. Il faut donc bien choisir sa ME, car elle impactera le potentiel ventes du livre.
Julie Christol: Oui ! Clairement ! En maison d’édition, l’auteur est celui qui reçoit le moins sur ses livres. Vous pouvez facilement trouver les chiffres. Les éditeurs et les autres intermédiaires de la chaine touchent plus de 90% des revenus ne laissant qu’à l’auteur qui est la base de la chaine des miettes. L’auto-édition est le seul moyen pour un auteur d’être payé honnêtement pour son travail. Ce qui fait qu’aujourd’hui, sans langue de bois, je suis auteur à plein temps ayant fait de ma passion mon métier. Cela n’a pas de prix et cela m’aurait été impossible dans l’édition traditionnel.
Amélie C. Astier: C’est largement plus avantageux d’être en autoédition même avec un pourcentage plus élevé en maison d’édition. Un auteur autoédité touche 70% des gains.
Anna Briac: Le nerf de la guerre. Oui, c’est évidemment une des raisons principales de ce choix : en auto édition, je gagne environ 2.77 euros sur un ebook à 3.99 et 3.30 euros sur un ebook à 4.99 euros (calcul simple : le prix total – tva à 5.5%, – part d’amazon à 30%). Pour les brochés, il faut ôter aussi le prix de la fabrication, et celui de l’acheminement, la marge est à peu près la même. Forcément, ça change tout !
Loraline Bradern: Oh oui largement. Je n’ai pas encore testé avec mon premier livre en AE mais j’ai des copines qui sont en AE et clairement ça n’a rien à voir. On ne peut pas vivre de sa plume en maison d’édition sauf à s’appeler Musso. En revanche les auteurs de romance qui arrivent à vivre de leur plume sont comme par hasard toute en auto édition…
Mily Black: Ne nous voilons pas la face, oui, c’est avantageux. C’est également beaucoup plus de travail qu’en maison d’édition.
Être auto-édité, c’est aussi devoir faire sa propre promotion puisque derrière il n’y aucune maison d’édition pour promouvoir l’auteur, le roman que ce soit dans les salons, sur les réseaux sociaux ou tout simplement les librairies. Quel est ton rapport avec cela ?
Axelle Auclair: Je suis assez mauvaise dans cette matière (quasiment nulle, n’ayons pas peur des mots). J’ai du mal à me vendre, souvent par peur d’agacer les personnes qui se sentent noyées de pub en tout genre. J’ai une page Facebook où je peux mettre mes actualités, au moins, les gens qui me suivent sont ceux intéressés par mes romans. J’en profite pour passer un message personnel : Merci à toutes les copines auteurs, copines tout court, ou adorables lectrices qui assurent de la pub à ma place. Je vous aime <3
Julie Christol: La promotion dans la maison d’édition était proche de zéro, cela n’a donc pas été difficile pour moi de faire mieux toute seule. Je suis investie dans les réseaux sociaux, j’ai un groupe et une page facebook sur lesquelles je partage toutes mes sorties, mes projets. Je fais des promotions ponctuelles, des concours pour fidéliser mes lecteurs. Je trouve cela très plaisant de chouchouter mes lecteurs et faire moi-même ma publicité. Les sorties s’enchainent dans l’édition traditionnelle et les publicités se font lors des sorties avant de tomber peu à peu dans l’oubli. De mon côté, je fais des roulements et remonte régulièrement mes romans que j’ai déjà publié pour qu’ils aient une nouvelle visibilité. Les tarifs pour faire des salons sont encore raisonnables pour un auteur indépendant. Des groupements d’auto-édités se créés peu à peu pour avoir accès à des gros salons tel que Paris. Cela prend du temps de tout faire, mais c’est un sentiment de satisfaction total quand nous sommes maîtres de notre travail.
Amélie C. Astier: Malheureusement, sauf cas rares, les auteurs, qu’ils soient en maison d’édition ou en autoédition doivent faire leur propre promotion. Par chance, aujourd’hui, les salons, les librairies et les lecteurs sont plus « open » à l’autoédition et c’est de moins en moins compliqué.
Anna Briac: Je pensais détester : en réalité, ça me plait beaucoup ! Rencontrer les lecteurs et échanger avec eux en vrai, évidemment c’est génial ! J’ai rencontré des filles merveilleuses (elles se reconnaîtront 😉 ) . Les réseaux, en revanche, sont beaucoup plus chronophages pour moi, mais c’est un maillon indispensable.
Loraline Bradern: Je vais te dire que je ne suis pas d’accord. A part deux ou trois grosses ME en romance, toutes les autres ne font quasiment aucune promotion. Au mieux on a un post pour la sortie et pour les promos. Jusqu’à présent j’ai du me débrouiller toute seule en étant en ME donc ça ne me changera pas beaucoup d’être en autoédition.
Mily Black: Très difficile ! Ceux qui me connaissent / suivent ont certainement remarqué que j’ai du mal à me mettre en avant. Or la promotion, c’est ça. Alors je me fais violence, je sors de ma zone de confort.
Finalement être auto-éditée, c’est être auteur, éditeur, peut-être même correcteur et graphiste mais être aussi son propre attaché de presse. C’est avoir de nombreuses casquettes. N’est-ce pas trop épuisant à certains moments ? Comment arrives-tu à faire une coupure et à relâcher la pression ? prendre de la distance avec tout cela…
Axelle Auclair: Si, c’est stressant et fatigant. Pour me détendre, je n’hésite pas à faire une pause et lire ou écrire.
Julie Christol: Non, cela ne l’est pas. Ecrire est épuisant par moment et j’avoue que j’apprécie énormément de pouvoir faire autre chose dans la journée. Je partage mon temps entre écriture, promotion, création de couverture, travail avec mes bétas et correctrice, papotage sur les réseaux. Mes lecteurs le savent, je suis toujours dispo quand ils viennent me parler de mes romans et je les encourage à venir me voir quand ils le veulent. En général, quand j’ai fini un roman, je suis épuisée, je prends donc quelques jours pour souffler, pour faire autre chose avant de reprendre. C’est éprouvant psychologiquement et le plaisir de travailler sur mes couvertures ou sur les prochaines histoires est vital. Je porte plusieurs casquettes, oui, et c’est ce qui fait que je ne changerai plus mes objectifs. Cela est tellement gratifiant d’avoir cette liberté. Et puis, comme dans tous métiers, il y a des aléas, des choses que nous aimons moins.
Amélie C. Astier: C’est un sacré rythme à prendre, il faut avoir les reins solides pour durer dans ce processus, mais la finalité est tellement enrichissante que la montagne de travail vaut le coup. Il faut savoir se mettre des limites et faire des pauses pour ne pas craquer et tenir sur la longueur.
Anna Briac: Pour le moment, c’est tout nouveau (à peine un an et demi de recul), alors c’est juste super excitant. Peut-être que ça passera, car oui, c’est pas mal de pression (surtout quand on a un métier à temps plein en plus), mais en attendant, je profite ! L’écriture, je vois ça comme (attention, partie mystique de l’interview^^) la célébration de quelque chose de vivant, joyeux, vibrant et nécessaire, à l’intérieur de nous, on peut l’appeler la créativité, la part divine de l’humain, l’enfance, n’importe, moi je crois que j’ai une sorte de boule de lumière à l’intérieur, comme un gros chat roulé en boule et quand j’écris, c’est comme si je le gratouillais derrière les oreilles : il ronronne de bonheur. J’écris parce que ça m’apporte de la joie, du plaisir et si un jour cela doit disparaître, c’est qu’il faut changer d’air, et faire autre chose pour que le chat ronronne à nouveau. (non mais je ne crois pas vraiment que j’ai un chat à l’intérieur, je vous rassure, mais vous voyez l’idée ? je nourris ma part créative et elle m’apporte de la joie). Pardon, ce n’était pas exactement la question…
Loraline Bradern: J’avoue que je suis en plein dedans et c’est stressant c’est vrai. Epuisant également car j’ai du mal à faire une coupure et à prendre de la distance. J’ai la tête dans le guidon en permanence mais c’et surtout du au fait que je bosse à côté. Je pense que si je n’avais pas besoin de travailler dans la journée, ça serait nettement plus facile.
Mily Black: Je ne me vois pas faire cela en parallèle de mon métier « officiel ». J’aime travailler avec Harper Collins et leur déléguer une partie des charges qui pèsent sur un livre. D’autant plus que tout ce travail annexe est autant en moins pour l’écriture, et là ça pèse réellement. Mais un troisième livre sortira cette année en auto-édition (comme quoi je suis réellement masochiste)
Aujourd’hui, Amazon, facilite l’auto-édition, en quelque sorte, en étant « imprimeur » et aussi en permettant de pouvoir vendre son roman. Est-ce que sans Amazon, tu aurais tenté l’aventure ? Quel est ton rapport avec ce monstre qui vend des millions de livres par jour dans le monde ?
Axelle Auclair: Sans Amazon, je ne sortais pas mon livre. On peut râler après cette plate-forme, mais elle simplifie énormément la vie des auteurs indépendants, encore plus les débutants. Sortir un livre est très facile grâce à eux, plus besoin d’imprimer des stocks à l’avance et donc, de s’endetter. C’est quand même plus sécurisant.
Julie Christol: J’ai fait le choix d’Amazon dès le départ. De part la facilité d’édition et des fonctionnalités, il est le seul à proposer une telle option. Sans Amazon, je n’aurais pas tenté l’aventure honnêtement. Mes romans y sont depuis le début et sont tous inscrits dans l’abonnement kindle. Mes lecteurs le savent et les applications, les tablettes et liseuses, permettent à n’importe qui d’y avoir accès. L’impression à la demande est l’atout majeur d’Amazon, nous ne sommes jamais en rupture de stock et nos romans papiers sont toujours disponibles, ce qui n’est pas le cas en librairie.
Amélie C. Astier: Sans Amazon, je pense que je n’aurai pas tenté l’auto-édition parce qu’à l’époque où je me suis lancée, il n’y avait que cette plateforme qui proposait ce système.
Anna Briac: J’ai culpabilisé à peu près 22 secondes. Et puis zut. Sans Amazon, je n’aurais pas tenté l’aventure, c’est évident.
Loraline Bradern: Honnêtement je ne pense pas que j’aurais même eu l’idée de tenter ! Clairement je n’aurais pas pris le pari d’investir beaucoup d’argent en faisant imprimer des livres chez un imprimeur en espérant pouvoir les revendre ici et là après. L’avantage avec Amazon c’est qu’on avance quasiment rien mis à part pour les graphistes et les correcteurs si on en a besoin, donc on peut se lancer sans prendre trop de risques.
Est-ce qu’il y aurait quelque chose que tu changerais dans ton parcours d’auteur auto-édité ?
Axelle Auclair: Oui, je m’y serais mise plus tôt.
Julie Christol: Non, même mes erreurs m’ont beaucoup appris. Je sais désormais ce qu’il faut faire ou ne pas faire. L’expérience acquise m’a rendu plus forte pour affronter cet univers souvent difficile où certains sont prêts à tout pour y arriver. J’espère être une personne accessible et j’incite les auteurs qui veulent se lancer à venir me voir s’ils le souhaitent. Sans être présomptueuse, je pense pouvoir leur donner quelques conseils. Le mouvement des auteurs mécontents prend de l’ampleur et c’est à force de travail que nous gagneront en crédibilité et surtout dans l’espoir d’avoir enfin un vrai statut. La reconnaissance se trouve là, dans l’espoir qu’un jour, nous serons enfin reconnus en dehors de l’édition traditionnelle.
Amélie C. Astier: Si c’était à refaire, je prendrais directement mon nom de plume actuel (Amélie C. Astier) au lieu de mon pseudo d’auteure de fanfic (Amheliie).
Anna Briac: Non 😉
Loraline Bradern: Je n’ai pas assez de recul pour me prononcer car je débute à peine. La seule chose c’est que je regrette de ne pas m’être lancée avant.
Comment vois-tu l’auto-édition dans quelques années ?
Axelle Auclair: Je pense qu’elle va monter en puissance et surtout grandir. J’entends par « grandir » atteindre un niveau de qualité de roman de plus en plus professionnel. Les auteurs s’organisent, s’entraident et ont compris qu’ils y trouvaient leur intérêt.
Julie christol: Cela prend de l’ampleur. Même les auteurs en maison d’édition commencent à faire le choix de l’auto-édition pour certains de leur roman. Pour plusieurs raisons : le délai éditorial trop long, le thème qui sort de la ligne éditorial de leur maison d’édition, le refus de l’histoire en soumission, l’envie de gagner un peu plus d’argent sur leur romans, le souhait de se diversifier et de toucher de nouveaux lecteurs. Je pense que l’exemple américain fait son chemin. L’un des pays où la romance est le plus présente et où les auteurs préfèrent s’entourer d’agents et de conseillers en communication mais de publier eux-mêmes leur roman. J’aimerai beaucoup que nous nous dirigions vers cela pour que les maisons d’édition comprennent qu’ils ont trop profité des auteurs ne les rémunérant pas à leur juste valeur.
Amélie C. Astier: Comme aux Etats-Unis : l’auto-édition sera l’égal de l’édition traditionnelle.
Anna Briac: Je ne sais pas vraiment, mais je pense que l’auto édition risque de se développer et finalement de se professionnaliser avec le temps, de plus en plus, parce qu’il y a vraiment quelque chose à revoir au niveau du statut de l’auteur : ceux qui sont à la base de la chaîne du livre sont les seuls à ne pas en vivre, lorsqu’ils travaillent avec des maisons d’édition. Alors l’auto édition propose une alternative vraiment respectueuse de ton travail, de tes efforts, et financièrement plus intéressante.
Loraline Bradern: Je pense que ça va encore se développer, mais l’offre augmentant, il sera peut être plus difficile de se faire un petit trou dans ce monde.
Que changerais-tu dans cette façon de publier ?
Axelle Auclair: Ce que j’aimerais, mais vraiment, c’est que l’État crée un statut particulier qui simplifierais la gestion des taxes, cotisations et déclarations. Les payer, c’est tout à fait normal, mais actuellement c’est une véritable usine à gaz pour pouvoir s’acquitter des montants dus à l’État. C’est quand même aberrant. Quand on se dit : « tiens, j’écris un livre et je le vends », on n’imagine pas le monceau de démarches administratives qui en découlent. À vous dégouter de vous lancer. Heureusement que des groupes d’auteurs sont là pour tenir la main et expliquer.
Julie Christol: Rien, la liberté est totale. Je prêche pour ma paroisse, mais tous les auteurs indépendants vous dirons la même chose.
Amélie C. Astier: A l’avenir, ce serait top que les formalités administratives pour les auteurs auto-édités soient plus faciles.
Anna Briac: Je manque de recul, là… On refait le point dans un an ? 😉
Loraline Bradern: Je ne sais pas, il n’y a rien qui me vient là.
As-tu un conseil à donner aux auteurs qui aimerait se lancer ?
Axelle Auclair: Renseignez-vous sur les contraintes et obligations, préparez-vous et fignolez votre roman, et… FONCEZ !
Julie Christol: Encore une fois, ne faites pas l’impasse sur la correction !! C’est la base, des lecteurs trouvant trop de fautes, n’apprécieront pas vos histoires. Armez-vous de courage, entourez-vous de personnes de confiance et bienveillantes. Fuyez les commérages, les ont-dits, les critiques jalouses. Ecoutez les critiques constructives et restez humbles, on apprend sans cesse en auto-édition et il faut s’améliorer sans cesse. Prenez du temps pour vos lecteurs, c’est grâce à eux que vous y arriverez, chouchoutez-les, commandez des marques page et autre goodies pour les remercier. Soyez fiers du choix que vous faites car c’est énormément de travail. Ne rêvez pas de choses inaccessibles, prenez des objectifs réalisables pour gagner en confiance et monter peu à peu vos exigences. Et puis surtout, faites-vous plaisir ! Ecrivez ce qu’il vous plait quand vous le voulez
Amélie C. Astier: Prendre le temps de se lancer, ne pas agir dans la précipitation et surtout se lancer pour les bonnes raisons : par passion.
Anna Briac: N’hésitez pas, lancez-vous, ça vaut carrément le coût, ne serait-ce que pour la fierté de pouvoir dire : je l’ai fait !
Loraline Bradern: Foncez ! Vous n’avez rien à perdre et tout à y gagner, mais attention de bien préparer votre manuscrit car un texte bourré de fautes par exemple risque d’avoir un mauvais impact sur la renommée de l’auteur et c’est pas bon pour les suivants.
Un dernier mot pour la fin ?
Axelle Auclair: L’auto-édition est une superbe expérience, mais je reste convaincue qu’elle n’est pas la solution miracle pour tous les auteurs. J’ai maintenant la chance de pouvoir comparer les deux options, et à mon avis, les deux sont compatibles. Un auteur peut jongler de l’un à l’autre pour des histoires différentes, ou céder une histoire à une ME intéressée afin de lui donner une seconde vie, ou une meilleure vie tout court.
Julie Christol: Certains pourront dire que je suis vindicative envers les maisons d’édition, ce n’est pas le cas. Il y a de la place pour tout le monde et chaque voie peut correspondre à chacun. Je revendique seulement la place de l’auteur. Les contraintes et la vie font que nous ne pouvons pas tous faire le choix de l’auto-édition, mais ça ne coûte rien d’essayer. C’est difficile, long, prenant, mais gratifiant. Je te remercie de m’avoir donné la parole. Beaucoup de lecteurs ne connaissent pas l’envers du décor. Auto-édité ou en édition traditionnelle, il y a du bon et du moins bon, mais vous risquez de passer à côté de pépites en boudant ce nouveau mouvement. Je remercie aussi mes lecteurs, ils savent que sans eux, cela ne serait pas possible. Merci à ceux qui nous donnent notre chance, qui nous lisent au-delà de l’étiquette que nous portons. Le respect est essentiel, que vous soyez en maison d’édition ou non. Il n’y a pas de sous-auteur !
Amélie C. Astier: Merci à toi et à toutes les personnes qui décident de donner leur chance aux auteurs auto-édités.
Anna Briac: Les auteurs auto édités ont encore plus besoin du soutien de leurs lecteurs. Alors si vous avez aimé un livre, et que vous avez 5 mn et l’envie de le faire, n’hésitez pas à laisser un petit mot sur les plateformes d’achat : c’est réellement utile, pour nous.
Et merci d’être là, lectrices et lecteurs, de lire des romans, de les aimer, de les faire vivre à travers vos messages, vos mails enthousiastes, vos chroniques, merci de partager vos coups de cœur et de faire vivre les histoires dans votre imagination ! <3
Loraline Bradern: Je pense que si les ME revoyaient un peu leur façon de faire et considéraient mieux leurs auteurs notamment en étant plus transparentes sur les ventes et en rémunérant mieux leur travail, il y aurait moins d’auteurs qui se lanceraient dans l’autoédition. S’autoéditer devient de plus en plus facile et ça risque de mettre à mal les ME si elles ne revoient pas leur copie.
https://lamalleauxlivres.com/interviews-completes-des-auteurs-dossier-auto-edition/https://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/Copie-de-ADIEU-2-1.pnghttps://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/Copie-de-ADIEU-2-1-150x150.pngDossiersDans le cadre d'un gros dossier sur l'auto-édition, j'ai eu la chance de pouvoir poser des questions à six auteurs qui sont auto-édités ou qui sont entrain de franchir le pas. Je les remercie une nouvelle fois d'avoir pris le temps de répondre à mes nombreuses questions et d'avoir...GwenlanCoralie lamalleauxlivres@gmail.comAdministratorDiplômée en Informatique, elle est actuellement adjointe administrative dans l'Education Nationale. Passionnée par la lecture depuis son enfance, elle adore dévorer des romans avec un bon chocolat chaud. Elle adore les histoires d'amour à l'eau de rose mais aussi le fantastique et la science fiction. Elle est toujours curieuse de découvrir de nouveaux genres et adore flâner dans les librairies.LA MALLE AUX LIVRES
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