Finutilite – Daniel Lavoie
Pourquoi ce livre ? Parce qu’en allant aux cours, j’avais envie de lire pendant mes 25 minutes de métro, aller et retour, mais sans commencer un nouveau livre qui m’aurait demandé une attention particulière. Sans doute parce que j’avais écouté quelques chansons de Daniel Lavoie la veille. Peut-être aussi parce que j’avais une de ses poésies en tête, ou alors que je savais que je trouverais un petit signe positif au détour d’une page, dans ma petite vie bien remplie et tumultueuse ces derniers temps ^^
« La finutilité m’habite…
Pourquoi ceci me diras-tu ?
Pour la poésie du futile, la beauté de l’éphémère, la tristesse infinie ;
Pour la beauté infinie de la tristesse.
Pour moi pour toi qui sommes à la fois rien, à la fois tout. Pour toi et moi qui le sommes, l’instant de l’être. »
Peut-être n’aurez-vous pas besoin de réfléchir pour retrouver qui est Daniel Lavoie, mais au cas où : si, si, vous le connaissez. Vous avez sans doute entendu plusieurs de ses chansons, dont la plus célèbre est Ils s’aiment, qui date des années 80. Vous avez peut-être eu la chance de le voir sur scène de 1998 à 2002, quand il jouait Frollo dans Notre-Dame de Paris, ou l’Aviateur dans la comédie musicale du Petit Prince, ou de le revoir, l’entendre, par une autre occasion. Il faut dire que ce chanteur-compositeur, s’il ne fait pas forcément partie de ceux qu’on écoute aujourd’hui le plus, a une longue carrière derrière lui depuis quarante ans. Personnellement, c’est un chanteur que j’ai toujours admiré et adoré pour son interprétation de Frollo dans la comédie musicale – Notre-Dame de Paris étant mon livre culte, préféré, celui avec lequel je distingue un avant et un après dans mes lectures, principalement grâce à ce personnage. En 2012, j’ai eu la chance de le voir lors de sa tournée, à Paris, lors d’un concert qui fut véritablement magique car il m’a permis de découvrir plus complètement son univers musical personnel, de davantage voir le chanteur derrière le personnage, et que dire si ce n’est que malgré sa soixantaine d’années, il a toujours la classe sur scène, de l’énergie à revendre, une chaleur humaine certaine accompagnée d’un humour pince-sans-rire, et une poésie, une musique qui n’appartiennent qu’à lui.
Ce recueil de textes – qu’il a écrit d’abord lors de ses concerts, pour introduire des chansons – comporte des poésies, des bouts de paroles de chansons, et qu’il a fini par écrire en-dehors des concerts, tant il y a pris goût. Pour une fois, impossible donc de raconter une histoire, peut-être juste de décrire des thématiques, des sentiments qui en ressortent. Ce sont des pensées sur la vie, des réflexions, des expressions de contradictions de la vie humaine ; des petits mots sur l’amour ou l’absurdité du monde dans lequel nous vivons ; des choses qui prêtent à rire, réfléchir ou alors qui chagrinent davantage. Parfois il y a des textes dont le sens demeure aussi assez mystérieux, ou des morceaux de sa vie. En tout cas, ce sont des mots qui nous touchent et qui parfois trouvent écho en nous, au moment de notre lecture. La poésie n’est pas mon fort d’habitude, mais là je l’aime bien, et comme ce sont parfois plus de réflexions que de véritables poèmes, ça passe plutôt bien. J’ai toujours pensé aussi que ce genre d’ouvrage était magique dans le sens où on peut y ouvrir une page au hasard, et tenter de voir si le texte donné, nous éclaire sur notre journée ou non. C’est un jeu, mais parfois qui marche bien. Et puis l’humour de l’auteur se retrouve dans ses mots, sa tendresse aussi. Une petite originalité de temps en temps, car on ne croise pas souvent ce genre de bouquins.
Seul bémol : c’est une édition québécoise, par conséquent assez cher pour ce que c’est en France (23 euros pour 70 pages…faut pas abuser non plus) (heureusement que c’était un cadeau de Noël) alors si vous voulez le lire, tentez plutôt l’édition numérique, plus accessible (douze euros environ).
Quelques extraits :
« Y a -t-il plus triste au monde que deux ex-amants fous, qui capitulent au besoin de se faire autant de mal qu’ils avaient cru toujours se faire du bien ? »
« Sept milliards de bouches à nourrir, sept milliards de rêves à réaliser. Cela prendra beaucoup de bois, immensément d’acier. Il faudrait légiférer sur le droit de se réaliser. Soyons logiques, quelques rêves se réalisent certes, mais la plupart sont oubliés. Trop peu de gens ont des valises pour même penser de voyager. »
« Je crains que petit à petit je ne devienne un vieux con. J’ai vraiment tout fait pour l’éviter, mais, ça vient, malgré. Un jour on ouvre la bouche pour dire quelque chose et soudain, ça nous frappe, merde, je le suis devenu, un peu comme…pour la mue. »
« Car je sais bien que le nombre de jours alloués à chaque passager ici est strictement défini ; et ceux que le client perd, à visiter trop souvent l’enfer, sont inclus dans le décompte, et pour le même prix. »
« L’amour, nous l’avons déjà vu, est une sorte de colle naturelle qui permet aux êtres complexes de devenir encore plus compliqués. Cela n’explique pas pour autant la haine et les rebondissements des coeurs, qui s’ouvrent et se referment pour des raisons qui n’ont pas de véritables fondements scientifiques. »
Et le passage qui m’a guidée ce jour-là et qui a aidé le cheminement de mes réflexions un peu perdues :
« L’aube ne viendra jamais, la nuit est éternelle. Je le vois bien dans les yeux résignés des autres voyageurs stoïques et tristes et condamnés à des mauvais rêves et des lendemains douteux. Quand enfin nous arrêtons dans un terminus gris qui abrite des fantômes humides, je sors, sans avoir vu celle qui devait m’y rencontrer. Une étrangère m’accroche et me demande si je veux aller faire un tour. Je lui réponds non, sans hésiter.
Je ne peux pas me permettre un échec de plus. »
Poésie québécoise.
Editions : Plaines
Parution originale : 2011
Disponibilité : en librairie en ligne (23 euros) ou version numérique (12 euros) (cliquez ici sur Decitre pour voir les possibilités d’achat, le livre n’étant pas vraiment sorti en librairie française, ou seulement à la Librairie du Québec à Paris)
71 pages.
EAN : 978-2-89611-110-7
Lectures en cours : Le voyage de G. Mastorna de Federico Fellini
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