Terres et cendres – Atiq Rahimi
Bonjour à vous,
Aujourd’hui je souhaiterais vous parler d’un livre petit par la taille mais grand par le talent. Il s’agit du titre « Terres et Cendres » d’un auteur que j’apprécie vraiment de plus en plus : Atiq Rahimi. Il m’avait vraiment touchée grâce à son roman « Syngue Sabour » (Pierre de patience) qui raconte l’histoire d’une femme qui reste au chevet de son mari inconscient, touché par une balle dans le dos, dans un pays qui n’est pas cité mais qu’on pense être l’Afghanistan. Je vous joins le résumé du livre et on en reparle !
Un pont, une rivière asséchée dans un paysage désolé, la guérite d’un gardien mal luné, une route qui se perd à l’horizon, un marchand qui pense le monde, un vieillard, un petit enfant, et puis l’attente. Rien ne bouge ou presque. Nous sommes en Afghanistan, pendant la guerre contre l’Union soviétique. Le vieil homme va annoncer à son fils qui travaille à la mine qu’au village tous sont morts sous un bombardement. Il parle, il pense : enfer des souvenirs, des attentes, des remords, des conjectures, des soupçons… C’est une parole nue qui dit la souffrance, la solitude, la peur de n’être pas entendu. Terre et cendres, porté à l’écran par Atiq Rahimi, a obtenu au Festival de Cannes 2004 le prix » Regard vers l’avenir « .
Ce roman qui, vous le constaterez en cherchant le nombre de pages ou en le regardant dans une librairie, est tout petit est un coup de poing. En fait, je le verrai même plutôt comme une nouvelle parce qu’il nous place immédiatement au coeur d’une situation. Nous nous trouvons en Afghanistan. Avant l’arrivée des Talibans et les guerres pour le pouvoir, ce pays était déjà tombé à genoux sous les balles de l’Union Soviétique. Finalement, ces informations prennent ici une importance somme toute assez relative car les militaires ou envahisseurs ne sont pas directement cités ou directement présents. Ils ne le sont que par ce qui s’est déjà passé.
Nous rencontrons directement un vieil homme qui vient d’être abattu. Sa famille est morte. Dès lors, sa seule mission est d’aller annoncer cette triste nouvelle à son fils qui travaille à la mine. Le texte est très épuré et l’action se déroule sur un labs de temps assez court. Ce qui fait la force de ce texte, à mon sens, est justement que chaque mot, chaque parfum, chaque souvenir est très fort. Tout laisse une empreinte sur le lecteur. J’ai vraiment été touché par ce vieil homme auquel on ne peut que s’identifier car on est projeté dans son enfer. Le temps qui passe, la patience, le silence, le fait de garder ses larmes et sa tristesse au fond de sa gorge… L’emploi de la seconde personne du singulier, qui reste assez rare dans les romans, prend le lecteur à parti. Il le prend comme témoin et l’invite à se joindre à cette attente, à cette recherche. Mes commentaires ne seront que subjectifs car je ne suis pas sure que tout le monde puisse apprécier le style de l’auteur mais je pense que c’est vraiment ce qui s’adapte le mieux au texte.
Aussi, la réalité que ce grand-père doit endurer contraste fortement avec l’innocence du jeune garçon qui l’accompagne. Il ne comprend pas réellement tout ce qui se passe et il ne semble même pas réaliser qu’ils sont seuls au monde et que lui-même est changé physiquement… En plus de la perte de leur foyer, de l’anéantissement de leur famille, ces deux âmes perdues doivent faire face à un fossé qui existe entre elles. L’homme de son petit-fils ne peuvent pas communiquer et même s’ils sont ensemble, ils sont seuls. La recherche du fils du personnage principal reste à mon sens un prétexte pour nous montrer cette scène, pour nous faire ce portrait d’une famille meurtrie, comme tant d’autres. Et pourtant, l’auteur a réussi à me surprendre. Dès l’arrivée à la mine, il nous met dans une situation que, personnellement, je n’avais même pas envisagée. Il montre une fois de plus que les hommes et les femmes ne réagissent pas comme ils le devraient, comme on attend d’eux et d’elles qu’ils agissent. Des êtres humains sont juste humains avec leurs angoisses, leur peine, et chacun leur façon de gérer leur douleur. Parfois seul, parfois avec le travail, avec une quête, avec le silence, avec l’envie d’en parler…
Je vous conseille évidemment ce livre. J’essaierai d’y revenir après avoir vu le film, je ne l’ai pas encore visionné. Peut-être m’apportera-t-il un nouveau regard sur le présent roman. Aussi, je suis en pleine lecture de l’autobiographie d’Atiq Rahimi, surtout son exil. Donc je pense que je reparlerai de ses romans que j’ai lu lorsque je chroniquerai ce titre. Mais pour l’instant… je ne suis qu’impressionnée et curieuse d’avancer dans ma lecture…
À bientôt et merci à Bib HLM pour cette recommandation !
Terres et Cendres d’Atiq Rahimi
Existe chez Folio à 4.60 euros
Isbn : 9782070416745
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