Syngue Sabour – Atiq Rahimi
Bonjour bonjour ! Enfin en vacances, ça fait du bien. Et qui dit vacances dit « plaisir de lire dans le train ». C’est bien l’endroit le plus pratique pour lire, sauf quand votre voisine décide de refaire sa manucure avec une douce odeur de vernis, grrr. Bref, j’ai entamé un livre dont ma collègue m’avait parlé lorsque j’étais en stage à la Galerne, librairie superbe du Havre (76). Il s’agit du Goncourt de l’année 2008. Ce texte du franco-afghan Atiq Rahimi, aujourd’hui, je vous le présente.
» Cette pierre que tu poses devant toi… devant laquelle tu te lamentes sur tous tes malheurs, toutes tes misères… à qui tu confies tout ce que tu as sur le coeur et que tu n’oses pas révéler aux autres… Tu lui parles, tu lui parles. Et la pierre t’écoute, éponge tous tes mots, tes secrets, jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate. Elle tombe en miettes. Et ce jour-là, tu es délivré de toutes tes souffrances, de toutes tes peines… Comment appelle-t-on cette pierre ? » En Afghanistan peut-être ou ailleurs, une femme veille son mari blessé. Au fond, ils ne se connaissent pas. Les heures et les jours passent tandis que la guerre approche. Et la langue de la femme se délie, tisse le récit d’une vie d’humiliations, dans l’espoir d’une possible rédemption.
Ce roman, je le vois plutôt comme un conte. Comme un conte, il nous amène dans un pays lointain (du moins pour nous, il l’est) mais dont la ville reste incertaine, les jours et l’année restent incertains, les identités des personnages restent incertaines. L’époux de la narratrice a été blessé par balle au cours d’une mésentente avec un autre djihadiste et il dort, il dort… En parallèle, elle doit s’occuper de ses filles, protéger sa maison des intrusions, des pillages, des « soldats » qui attaquent et blessent indépendamment du camp. Finalement, c’est une bataille où il n’y a pas d’ennemis, ou pas d’alliés plutôt.
Et au milieu de tout cela, cette femme. Enveloppée de solitude et d’insécurité, elle va commencer à se confier à cet homme qu’elle connaît finalement si peu et avec lequel elle n’avait jamais pu vraiment parler finalement. Son passé avec un père joueur et violent, un beau-père savant et enchanteur, une belle-mère qui attendait d’elle qu’elle enchante, la pression de tomber enceinte, l’honneur de la famille, la violence récurrente… Elle lui raconte tout, il devient sa pierre de patience. Finalement, c’est à travers sa « petite mort » que cet homme devient humain, un mari à l’écoute sur lequel jaillit l’espoir d’une femme bafouée et enfermée. Via ses confessions, elle va acquérir sa liberté. Mais à quel prix ?
Je vous laisse le découvrir mais sachez que ce roman ne laisse pas indifférent, pire il frappe de plein fouet. Il vous jette sous les yeux les destins d’enfants, d’hommes et de femmes prisonniers qui souffrent. Les combattants ne sont parfois que des enfants, ou bien ils ne savent pas pourquoi ils se battent, ceux qui avaient promis de protéger leur famille laisse un frère malade derrière eux, la femme qui ne met pas d’enfants au monde est forcément stérile, donc inutile et… tant de combats à mener. Au nom de quoi ? Pas au nom de dieux, de prophètes, de saints… Je dirais que le premier combat à mener est celui pour la liberté. La narratrice le mène. Et c’est tellement bouleversant…
https://lamalleauxlivres.com/syngue-sabour-atiq-rahimi/https://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/MALLE.jpghttps://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/MALLE-150x150.jpgNon classéAfghanistan,Atiq Rahimi,destin,émancipation,femme,liberté,Syngué SabourBonjour bonjour ! Enfin en vacances, ça fait du bien. Et qui dit vacances dit 'plaisir de lire dans le train'. C'est bien l'endroit le plus pratique pour lire, sauf quand votre voisine décide de refaire sa manucure avec une douce odeur de vernis, grrr. Bref, j'ai entamé un...Christine JuilletChristine Juilletrpgirl@hotmail.frSubscriberDiplômée en langues étrangères et métiers du livre, elle est libraire et passe ses journées entre les livres, les carnets et les stylos. La tête ailleurs, elle adore voyager que ce soit avec son sac à dos ou un livre entre les mains. Rencontrer des rêveurs, des aventuriers, des personnages torturés, c'est son dada. Ses genres préférés sont les drames contemporains et les littératures de l'imaginaire.LA MALLE AUX LIVRES
J’ai adoré a la folie, c’est tellement touchant et cette fin coup de poing.. Terrible. Tu as lu terre et cendre du même auteur ?
Mais tellement ! Ma collègue m’avait donné des indices sur la fin à cette époque mais on ne l’imagine pas comme ça. Et en même temps, ça semble si logique…
Non je ne l’ai pas lu, je ne connaissais pas du tout l’auteur et habituellement je prends une certaine distance avec les Goncourt, même si je ne devrais pas en raison de mon métier. Disons que rarement, ils touchent pile ma corde sensible.
Tu l’as lu ? Qu’as-tu ressenti ?
Je trouve Terre et Cendre encore plus percutant si c’est possible. Cette histoire entre ce grand-père et ce petit-fils à la recherche du fils (et père du petit)… Une quête pas comme les autres ! A lirrre, n’hésite pas… Par contre du même auteur Maudit soit Dostoievski est assez mauvais !
Je suis amoureuse de cette auteur pour ces deux romans. C’est mon libraire qui me l’avait conseillé, sans tenir compte de son Goncourt. Terre et Cendre m’a encore plus bouleversé si c’est possible, ce petit garçon m’a tellement fait de peine quand j’ai pris conscience de son mal, terrible, terrible. Et là fin m’a mise dans une colère sans non. Vraiment j’ai adoré. Si tu peux, lis le sans lire le résumé ou d’autres critiques, de peur d’en apprendre trop sur l’intrigue.
Par contre j’ai également lu « Maudit soit Dostoievski » et il est mauvais, il faut le dire, beaucoup de lenteur et des lacunes dans l’intrigue.
Pour la 4eme c’est trop tard mais je me priverai de lire les critiques par contre ^^
Top, hâte d’avoir ton avis 🙂
J’ai le liiivre !
Top, top, top ! Je suis impatiente d’avoir ton impression de lecture !
Alors ?????!
Ahaha, je n’avais pas vu que j’avais déjà répondu à l’époque (pardon !)(n’empêche je dis la même chose ce qui est rassurant)
Hello ! J’essaie de publier ma chronique rapidement mais j’ai beaucoup aimé. La fin m’a laissée… tiraillée entre plusieurs sentiments en fait. Je n’avais même pas envisagé cette fin et j’ai trouvé ça brillant et cruellement humain… Encore un excellent roman de M. Rahimi !