La couronne verte – Laura Kasischke
Pourquoi ce livre ? Parce que l’avis qu’en a donné une blogueuse belge m’a donné envie de le lire, sans quoi, je ne me serais sans doute pas arrêtée sur ce livre (comme sur beaucoup d’autres !)
Véritable rituel, les vacances de printemps marquent le passage à l’âge adulte pour les élèves de terminale aux Etats-Unis. Quittant pour la première fois le nid familial, ils partent une semaine entre amis dans un cadre exotique. Face à l’insistance de leur amie Terri, Anne et Michelle renoncent à la croisière dans les Caraïbes qu’elles avaient prévue et optent pour les plages mexicaines. En dépit des mises en garde maternelles, Anne et Michelle acceptent d’aller visiter les ruines de Chichén Itzâ en compagnie d’un inconnu. Cette expérience les entraînera bien au-delà de la simple découverte culturelle, pour leur plus grand malheur… Laura Kasischke, dévoilant avec son talent habituel les égarements et les inquiétudes des jeunes gens, construit un roman aussi troublant que profond.
Je dois admettre que sans l’avis donné par une autre lectrice, comme dit ci-dessus, je ne me serais sûrement pas arrêtée sur ce livre, puisque l’histoire n’est pas vraiment de celles que je lis habituellement. Cependant, je suis bien contente d’avoir pour une fois emprunté ce détour, pour découvrir certes un roman qui ne me marquera pas à vie mais qui a sa petite présence bien distincte tout de même. J’imagine que le résumé vous donne vite le fil conducteur du roman, et cependant la direction se fait tout autre. Sans pour autant s’éloigner de la menace que donne à voir ce synopsis, au contraire. Car on se doute bien que ces trois adolescentes descendues pour profiter du Spring Breakers vont vite se retrouver dans une situation assez sombre et malsaine, seulement, pas dans le sens qu’on peut le croire en se contentant de cette description.
Et plus que l’histoire – pourtant prenante, vite angoissante et écrite de manière fine et subtile – c’est le message de l’auteur qui se transmet davantage au fil des pages. Car même si je me suis prise à éprouver de l’angoisse pour les héroïnes et l’envie d’arriver à la fin pour voir ce qui arrivait finalement, je n’ai pas réellement eu d’attachement pour les personnages. En effet le style de l’auteur, même s’il est précis et pourvu d’une belle écriture quoique pas forcément sophistiquée, a le talent de donner une ambiance froide, resserrée, qui donne vite à voir le pire arriver, et à faire comprendre des choses sans expliciter. Avec ce livre on se retrouve dans la situation de sans doute toutes les femmes aujourd’hui, de la peur devenue tellement ancrée à la société qu’elle en est devenue banale. Ces choses aussi simples quand on est une femme : éviter de rentrer seule le soir tard, ne pas aller à des spectacles ou des séances de cinéma trop tard parce qu’il y a le retour derrière, se méfier quand un inconnu vous aborde, spécialement un homme, faire attention à la non-provocation de sa tenue. Car c’est de cela que traite ce livre, au final : ces habitudes, tellement anodines, que pourtant on ne devrait plus avoir de nos jours, et qu’aucun homme n’a à craindre de son côté. Ce sont toutes ces peurs, toutes ces appréhensions (et leurs conséquences) qui sont abordées ici. Avec finesse, mais aussi assez d’atmosphère pour stresser à l’idée de ce qui peut arriver aux héroïnes. C’est pour moi la force de ce petit livre qui dénonce des choses devenues acceptées alors qu’elles sont tout à fait anormales et ne devraient même pas exister. N’avez-vous jamais pensé à quel point il était parfois terrible, de ne jamais au final se sentir en sécurité quand on rentre tard le soir chez soi, à pied, seule ? De vouloir que le trajet se déroule très vite et de ne croiser personne ? D’hésiter à partir en voyage seule, de justement s’entendre dire qu’il ne vaut mieux pas partir seule ? C’est quelque chose, au fond, de terrible et d’assez amer et décevant…
« On lui avait seriné qu’il était dangereux pour une fille de sortir seule le soir. Qu’attendre le bus au coin de la rue à minuit était risqué. Parler à un inconnu dans un parc aussi. Accepter un verre de Pepsi de quelqu’un si on ne l’avait pas vu être versé de la bouteille.
Par contre, elle connaissait des garçons à Glendale qui s’étaient rendus à Toronto en stop. D’autres avaient dormi une nuit dans une grotte du Colorado. D’autres encore avaient campé dans le Wyoming, s’étaient battus dans des bars du nord.
Mais quelles aventures une fille pouvait-elle vivre ? »
Roman américain. Titre original : Feathered
Editions : Christian Bourgeois, Livre de poche
Première parution française : 2008
Parution originale : 2008
Disponibilité : en librairie (20 euros en grand format, 6 en poche)
216 pages (poche).
EAN : 9782253127949
Lectures en cours : Les jardins de Kensington de Fresan (encore…) et Les liaisons dangereuses, du boudoir à la révolution de BiancaMaria Fontana.
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