Je lis de la Romance et alors?
Il est vrai que je ne suis pas quelqu’un qui donne facilement son avis et surtout de façon publique mais pour une fois j’avais envie d’en parler ou plutôt d’écrire. Pourquoi? Tout simplement parce que depuis un moment et encore plus depuis quelques semaines la romance est décriée. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de discussions parfois houleuses sur ce sujet sur les réseaux sociaux et je n’ai pas envie de revenir là dessus mais plutôt sur la mauvaise réputation de la Romance en France. Je pensai vraiment que la mentalité était entrain de changer dans notre pays mais je crois que je me suis fait des idées et les articles qui fleurissent en sont la preuve.
Je suis une grande lectrice de romance depuis plusieurs années et je ne m’en cache pas. Je n’ai aucune honte à avoir et je n’ai aucun soucis pour en parler. Mes proches savent très bien ce que je lis et j’adore en discuter avec eux même s’ils n’en lisent pas. Au niveau de travail – oui on côtoie beaucoup ses collègues donc on discute un peu de tout et de rien – ils savent que je suis une grande lectrice et que je lis de la romance, des livres harlequin et dès le début je ne m’en suis jamais cachée. Une nouvelle fois je n’ai jamais été jugé pour cela. D’ailleurs c’est même plutôt l’inverse car j’ai découvert une fan d’Emily Blaine qui travaille avec moi et on adore parler de ses romans et de nombreux autres. Les pauses déjeuners sont souvent très intéressantes et elles passent vite quand on commence à discuter livres. Néanmoins j’ai été jugé dans le passé par d’autres collègues – dans un autre job -et je n’ai pas compris pourquoi. De quel droit? D’ailleurs dans cet autre établissement où je travaillais, je ne parlais que rarement de ce que je lisais mais j’avais toujours un livre avec moi car j’avais du temps où j’étais de surveillance et il fallait bien quelque chose pour m’occuper.
Je me rappellerai toujours de cette journée où un de mes collègues est tombé sur mon livre – je ne sais trop comment mais j’avais du le laisser sur le bureau involontairement – et où il l’a feuilleté. Je peux vous dire que c’était le premier tome de la saga « Outlander » de Diana Gabaldon. Ce cher monsieur l’a feuilleté et il est tombé sur une scène un peu chaude entre Jamie et Claire. En même temps on ne peut pas dire que Outlander soit de la romance érotique… Bref, il est rapidement venu vers moi en disant que j’avais des drôles de lectures et que je cachai bien mon jeu. Je ne me rappelle plus de ses propos exacts du moment mais ce n’était rien de très plaisant et surtout c’était déplacé. D’ailleurs, durant cette même journée lorsque nous avons pris notre déjeuner ensemble avec plusieurs collègues, il a fait des remarques déplacées et grivoises. J’avoue que ça ne m’a pas plu du tout mais j’ai décidé de me taire jusqu’à un certain point. Je suis quelqu’un qui a quand même du caractère et qui ne se laisse pas faire mais à ce moment là je manquai un peu de réparti et surtout quoi répondre? Et puis au bout d’un moment la cocotte minute que je suis a explosé… Sa femme était enceinte et je lui ai demandé s’il était certain d’être le père du bébé de sa femme vu comment il était choqué par une scène de sexe dans un livre entre une femme et son mari. Définitivement je l’ai calmé avec ses propos et mêmes s’il y a eu quelques autres remarques un peu plus tard, elles étaient moins déplacées, moins nombreuses. De plus quand j’ai rencontré sa femme pour la première fois, je lui ai expliqué en détail ce qu’il avait dit et ce que je lui avais répondu et elle s’est moquée ouvertement de lui. J’avais ma petite vengeance. Girl Power.
Dans les mois qui ont suivis, je faisais très attention aux romans que j’emmenai avec moi et il s’agissait souvent de livres Young Adult car j’avais pas envie qu’on dise encore que je lisais des choses perverses. A cause des remarques de ce gars, j’étais vraiment prudente dans le choix de mes lectures et je ne trouve pas ça normal. Attention je n’aurais jamais amené 50 nuances de Grey au boulot mais de la romance historique comme Outlander ou même de la romance contemporaines où on a toujours quelques scènes d’amour.
Aujourd’hui je me rends compte qu’on peut être jugé sur ses lectures mais de quel droit? Nous sommes libres de lire ce dont on a envie, de nous divertir comme on a envie sans avoir à se justifier ou avoir des comptes à rendre. On a le droit de rêver au prince charmant, de passer un bon moment au coin du feu avec un livre sans qu’on nous dise que ce livre est nul ou qu’il n’y aucun intérêt à lire ce genre de littérature. Personnellement, la lecture est avant tout pour moi un hobby, un plaisir et je n’ai en aucun cas besoin de me justifier sur ce que j’aime. Alors OUI j’avoue, j’aimerai que les gens arrêtent de juger ce que les lecteurs lisent, que les gens arrêtent de critiquer les auteurs de romance mais aussi les auteurs d’autres styles qui sont souvent décriés comme Guillaume Musso ou Marc Lévy… Je soupçonne que ce soit aussi des gens très jaloux du succès de ces auteurs populaires. Lire est un plaisir, lire est un divertissement et on a tous des goûts différents et il faut l’accepter sans juger.
Il est vrai que ce n’est pas le genre d’article que j’ai l’habitude de publier mais parfois il faut savoir sortir un peu des sentiers battus et j’avais envie de vous parler de ça, de ce jugement sur ce qu’on lit. Je sais aussi des lecteurs sont jugés parce qu’ils sont attirés par la littérature Young Adult alors qu’ils sont adultes et qu’on dit que ce n’est pas pour eux. Je dirais que c’est exactement la même chose que la romance…. On lit ce dont on a envie et puis c’est tout.
Est-ce que vous aussi vous avez déjà été jugé sur vos lectures? N’hésitez pas à mettre un petit commentaire tout en restant évidemment poli et correct.
https://lamalleauxlivres.com/je-lis-de-la-romance-et-alors/https://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/ADIEU-34.pnghttps://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/ADIEU-34-150x150.pngBillets d'humeurNon classéIl est vrai que je ne suis pas quelqu'un qui donne facilement son avis et surtout de façon publique mais pour une fois j'avais envie d'en parler ou plutôt d'écrire. Pourquoi? Tout simplement parce que depuis un moment et encore plus depuis quelques semaines la romance est décriée. C'est vrai...GwenlanCoralie lamalleauxlivres@gmail.comAdministratorDiplômée en Informatique, elle est actuellement adjointe administrative dans l'Education Nationale. Passionnée par la lecture depuis son enfance, elle adore dévorer des romans avec un bon chocolat chaud. Elle adore les histoires d'amour à l'eau de rose mais aussi le fantastique et la science fiction. Elle est toujours curieuse de découvrir de nouveaux genres et adore flâner dans les librairies.LA MALLE AUX LIVRES
Par contre si tu regardes des séries avec des scènes torrides, là ce n’est pas la même chose…
En lisant ton article, je me demande, sans crier au loup, si ces commentaires ne sont pas une sorte d’expression du patriarcat. La romance est un genre littéraire considéré comme « féminin ». Et les femmes respectables doivent être pures, chastes et romantiques.
=> « Lire de la romance c’est trop léger, niais, et s’il y a du sexe, bouh, honte aux trainées. »
Les préjugés ont la vie dure. Des scènes érotico-sensuelles dans un média mixte ou orienté hommes passent mieux.
Bref, c’était une réflexion venue comme ça 🙂
En tous cas, ça ne m’empêchera pas de continuer à en lire, même si justement à cause de ces préjugés j’ai mis du temps à m’y mettre.
Très belle prise de position, bravo !
Les gens oublient trop souvent que nul n’est censé juger qui que ce soit, pour quoi que ce soit, non de non !!
Tu as bien remis à sa place ton ancien collègue, je trouve ça hallucinant qu’il ai pu avoir des remarques déplacées après avoir feuilleté ton roman (sans ta permission, d’ailleurs) !!
De mon côté, j’ai découvert la romance avec la bloggosphère, et depuis que j’en lis je peux conseiller plus justement les lectrices et les lecteurs de la médiathèque, qui, pour certain(e)s ne lisent que ça. Depuis, je mène une petite bataille à mon échelle pour donner plus de légitimité à ce genre dont le succès n’est plus à démontrer et qui pourtant s’attire les moqueries.. Les pires sont celles des professionnels.. Je ne compte plus sur une main les libraires et bibliothécaires méprissants, c’est énervant !
Le combat pour faire tomber l’élitisme culturel n’est pas encore gagné.. Mais il ne faut pas baisser les bras, les articles comme le tien donne de la motivation, alors merci <3
Je tombe sur ton blog grâce à unretweete. Comme toi, j’adore la romance et particulièrement la romance historique. Au cours de l’année dernière, j’ai eu trois remarques mysogynes sur le genre! Et j’aimerais qu’on mette à plat ces préjugés. Je n’ai pas honte de lire de la romance, alors pourquoi on a le droit à ce type de remarque. Celle de ton collègue était particulièrement affreuse!
Merci pour cet article!
Le problème c’est que, quoi qu’on lise, on se retrouve toujours face à des gens qui jugent et qui pensent avoir la science infuse. Pour ma part je lis beaucoup de littérature régionale et j’ai eu droit à mon lot de remarques. Si tu lis de la romance, ou de la new romance, si tu lis Musso ou Lévy, si tu lis de la littérature jeunesse ou même si tu lis des classiques avec Hugo ou Zola tu trouveras toujours des gens pour râler et te dire que c’est pas bien. J’avais posté un article sur le sujet il y a quelques temps et ça m’énerve de voir que ce genre de débats est toujours d’actualité :
http://leslecturesdepampoune.blogspot.com/2016/04/tout-lire-une-tolerance-entre-lecteurs.html
Article intéressant. Néanmoins, ne pas pouvoir critiquer, qu’il s’agisse d’un courant, d’une mode, d’un point précis chez un auteur ou dans une oeuvre, peut tout aussi bien mener à l’excès inverse. Quelle est la différence entre une critique et un jugement ? Est-ce juste une question de forme ? (Je pose une question ouverte, peut-être de façon naïve, mais sans réponse a priori) Ne plus rien pouvoir critiquer serait aussi un signe d’atrophie du goût et de la pensée, voire de la liberté d’expression. Enfin, je trouve que la question de fond concernant la littérature sentimentale est surtout la question de l’espace qu’elle prend désormais dans les rayons des endroits où les gens vont acheter leurs livres (les centres commerciaux non-libraires). Par exemple, à l’espace Q de Leclerc, tu as 3 volumes de littérature sentimentale pour un volume de littérature SF et fantasy (les deux genres confondus), par ailleurs très actifs. Cela peut cristalliser les passions, et pointer la littérature sentimentale comme étant « une mode ». Moi qui n’ai pas particulièrement le goût des récits sentimentaux (exceptés ceux d’Albert Cohen, parce que Cohen écrit avec une plume de folie dure), je suis vraiment le cœur en berne quand je vois mes rayons de prédilections disparaître sous des pressions commerciales. Comme quoi, il y a bien des aspects à traiter. D’ailleurs, il n’y a pas forcément de jalousie vis-à-vis des auteurs là-dedans, ni vis-à-vis de la légèreté sexuelle des lecteurs. Je trouve que Musso écrit comme une crotte, mais sans taire cet avis, j’emmerde pas les gens avec. Question de juste milieu. Dans le thème, cela rappelle la question du Nobel de Dylan, sous des aspects lourdingues, elle soulevait en fait la question de fond du nombre réduit de ce genre de prix litt. internationaux, chose qui apporte une cristallisation qui n’aurait peut-être pas cours s’il y avait davantage d’espace pour ce style de reconnaissance. Il est dommage que ça pousse les lecteurs les uns contre les autres, mais vu ainsi, c’est un peu attendu (et compréhensible). Désolé pour toi que tu aies dû te prendre des remarques déplacées et quelque part, devoir justifier tes goûts.
J’espère que le propos est compréhensible et ne chiffonnera personne. 🙂
Très intéressant point de vue, que je partage bien évidemment pour son côté « zéro jugement » : le snobisme est une plaie dans la littérature (et même moi qui lit a priori des livres « intellectuels » sans genre défini, je m’en prends souvent plein la poire par des gens qui établissent encore une hiérarchie entre « ce qu’il faut lire pour se cultiver » et « le reste, la sous-merde »).
je ne vais pas cracher sur la romance, le new adult, tout ça tout ça parce que c’est, entre autres, ce qui alimente le marché du livre aujourd’hui et permet aux différents acteurs de la chaîne de s’en sortir.
je déplore juste que ce genre soit encore très « codifié » et véhicule souvent des préjugés un peu cucul la guimauve qui font passer les jeunes filles pour des naïves/offertes/fleurs bleues et les mecs pour des systématiques princes charmants un peu sombres et très paternalistes dans leurs comportements. je ne sais pas si tu as lu à ce sujet le bouquin de Camille Emmanuelle, qui a elle-même écrit des romances à tire-larigot pour de maisons type Harlequin/Milady (sous pseudo américanisé, bien sûr) et qui dénonce justement la codification de cette littérature.
Du coup, lire de la romance pourquoi pas, mais ne pas lire QUE de la romance (ou le faire avec beaucoup de recul !), au risque de se faire siphonner le ciboulot !
Mon Dieu, que ton article fait du bien!
J’ai vécu le même type de scène, tellement de fois. Je lis très souvent ce type de lecture en anglais, donc ça c’est plutôt cool car l’entourage ne comprend pas forcément haha. Par contre, il m’arrive de prêter des livres en français d’auteurs du type Emily Blaine et là j’ai le droit à pleins de remarques du genre « Ah ouais, je savais pas que t’étais aussi coquine! »
Euh…ok.
Ce genre de remarques, bien que pas toujours accompagnées d’une mauvaise intention, m’exaspèrent au plus haut point!
Je défis quiconque d’allumer la télé et de zapper sur n’importe quelle chaîne pour trouver la nouvelle série tendance et de regarder sans qu’il n’y ait de scènes « hot » au bout de 20 minutes!
C’est quand même incroyable cette absurdité! Personne ne sera gêné par une scène à la télé, par contre sur papier, ça pose tout de suite problème. Je ne comprends pas et je dois avouer que je ne suis plus patiente face à ces personnes. Ou le type de remarque « lire c’est pour s’instruire, c’est pas avec ce genre de lecture que… » Oh, mais je fais ce que je veux!
Bref, merci pour cet article! 🙂
Bon… pour ton collègue, je pense que le problème est que les hommes sont très mal à l’aise avec la sexualité féminine. La société nous voudrait asexuées. Les choses s’arrangent depuis un siecle mais bon, en ce moment cela repart en arrière. Pour moi, écrire de la romance érotique est un acte de rebellion féministe.
En ce qui concerne les détracteurs de la romance classique, aussitôt affublée du terme « cucul », le problème est aussi sociétal. Les sentiments sont mal vus dans notre société où ceux qui s’élèvent le plus haut sont des sociopathes.
L’amour, la tendresse sont des valeurs de faibles. Féminines et mal vues. Forcément.
Bref. Il n’y a pas honte à être une femme.
Pas de honte à avoir des fantasmes.
Et pas de honte à aimer les sentiments.
Vive la romance!