The bone clocks – David Mitchell
Le livre dont je vais vous parler aujourd’hui n’est pas facile à présenter, car il est de ces bouquins assez géniaux et innovateur, autant dans leur forme que dans leur fond. Une sorte de marque de fabrique pour David Mitchell, écrivain britannique dont je vous avais déjà présenté un de ses anciens livres, Le fond des forêts. C’est un auteur dont j’adore l’écriture et les thèmes, malgré la complexité que la lecture de ses œuvres peut créer. Mais il ne faut surtout pas s’y arrêter, car ce serait manquer un merveilleux voyage.
Un jour d’été lourd, en 1984, Holly Sykes, jeune adolescente en fugue, rencontre une femme étrange qui lui propose un service en échange d’un « asile ». Des décennies s’écouleront avant qu’Holly ne comprenne quelle sorte d’asile la femme recherchait…
The bone clocks (les horloges d’os) suit les méandres de la vie d’Holly, d’une adolescence marquée à Gravesend, en Angleterre, à une vieillesse sur la côte Atlantique de l’Irlande alors que l’Europe est à court de pétrole. Une vie pas si loin de l’ordinaire, mais ponctuée par des éclairs de précognition, et de visites d’étranges personnes qui émergent de nulle part et semblent provenir de brèches dans les lois de la réalité. Car Holly Sykes –fill, sœur, mère, tutrice, gardienne- est également un acteur involontaire dans une sanglante querelle joué dans l’ombre et dans les marges de notre monde, et elle peut s’avérer être son arme décisive. (Ma traduction)
Comment ce livre est arrivé entre mes mains ?
Ayant adoré les autres romans de cet auteur, je ne pouvais que me réjouir de la sortie de son dernier roman ^^ Ce d’autant que la couverture est vraiment magnifique, comme souvent dans les éditions anglaises. Espérons qu’ils garderont la même en français… D’ailleurs, la traduction en français n’est pas encore annoncée, mais étant donné que tous les derniers livres de cet auteur ont été traduits, ça ne devrait plus tarder pour ce livre.
Et alors, qu’est-ce que ça donne ?
Ce roman suit donc la vie d’Holly Sykes, de son adolescence en 1984 jusqu’à sa vieillesse en 2043. Il se compose de 6 parties différentes qui se suivent dans le temps, avec un narrateur différent à chaque fois. La première partie suit Holly adolescente, alors qu’elle fugue de chez elle suite à une rupture amoureuse. Dans la deuxième, on suit les aventures du peu scrupuleux Hugo Lamb dans une station de ski en Suisse, alors qu’il fait la rencontre d’Holly. La troisième présente Ed, le compagnon d’Holly et photographe de guerre, lors d’un séjour à la mer. La quatrième met en scène un écrivain, Crispin Hershey, qui se prend d’amitié avec Holly. La cinquième présente Marinus, un de ces êtres étranges et hors du temps qui gravitent autour d’Holly. Et enfin, dans la dernière partie, nous retrouvons Holly, dans un monde post-apocalyptique où le pétrole disparaît peu à peu pour laisser place à un monde rempli d’anarchie et d’accidents nucléaires.
A première vue, ce roman décrit la vie d’une femme en apparence normale, à travers les différentes étapes de sa vie. Seulement, plus on avance dans la lecture, plus on se rend compte que des événements étranges se passent dans la vie d’Holly. Elle entend des voix, et reçoit parfois la visite en rêve d’étranges personnes. Je ne veux pas vous gâcher la surprise, mais sachez qu’il s’agit en gros de personnages sur qui le temps n’a plus d’effet et qui traversent les époques. Certains le font pacifiquement, d’autres de manière plus barbare, et entre ces deux clans, une guerre règne. Guerre dans laquelle Holly va se retrouver, malgré elle.
Car malgré cet aspect fantastique, il ne faut pas oublier que le personnage principal reste Holly, et que c’est sur elle que se concentre le roman. En découle donc que certaines parties du livre peuvent sembler moins intéressantes, car finalement un peu banales. Cependant, elles sont toutes indispensables, car faisant partie intégrantes de la vie d’Holly. De même, dans les premières parties, on peut se sentir un peu perdu voire perplexe quant aux événements fantastiques qui se déroulent autour de la vie d’Holly, sans qu’on sache clairement de quoi il s’agit, jusqu’à la cinquième partie du roman où tout est finalement expliqué. Toutefois, chaque partie présente également un intérêt, et, puisque chacune se passe à une époque différente et a un narrateur différent, on pourrait presque les considérer comme des histoires à part entière, reliées entre elle par le dénominateur commun qu’est Holly. On retrouve là une structure kaléidoscopique un peu semblable à un autre livre de Mitchell, Cloud Atlas (Cartographie des nuages), qui m’avait beaucoup marquée et que je ne saurais que vous conseiller.
Au final, nous avons donc une histoire difficile à expliquer, mais tout simplement fascinante, riche et prenante. On s’attache peu à peu à Holly au fil de sa vie, ainsi qu’à d’autres nombreux personnages croisés dans le livre. Petit coup de cœur pour les horologistes, groupe de personnes atemporelles reprenant un thème apparemment cher à Mitchell : la réincarnation. Le tout présenté avec une écriture et une maîtrise vraiment sublime qui font de la lecture de ce roman une vraie plongée dans le monde de Mitchell, avec des réflexions quant à notre monde et notre façon d’agir.
Un livre dans lequel il ne faut pas hésiter à se lancer, dont on ne ressort pas tout à fait le même, comme souvent, chez cet auteur. Définitivement une lecture marquante, et une nouvelle preuve que David Mitchell est un écrivain talentueux et original.
Pour quel(s) lecteur(s) ?
Les habitués de l’auteur, tous les lecteurs curieux qui souhaiterait un roman transcendant avec des personnages forts et une touche de fantastique. Ceux qui ont une fascination pour le temps.
La citation :
« Ce qui naît doit un jour mourir. Ainsi est le contrat de la vie, n’est-ce pas ? Je suis ici pour vous dire, cependant, que dans quelques rares cas, cette phrase gravée dans le marbre peut être réécrite. » (Ma traduction)
Pour se le procurer:
Editions : Sceptre (existe aussi en version ebook)
Date de sortie : 2014
Prix : environ 28 €
Nombre de pages : 595 pages
ISBN : 978-0340921609
Lectures en cours :
Le Dahlia noir, de James Ellroy [livre audio]
Phantom, de Susan Kay
J’ai failli acheter ce livre il y a à peine plus d’une semaine mais l’ai reposé. Ta chronique me fait décidément regretter ce choix. The Bone Clocks va donc rejoindre ma to-read liste de ce pas, ainsi que les autres livres de David Mitchell. 😉
Franchement je te le conseille, surtout si tu as lus les autres de cet auteur ^^
Et heureusement, il n’est jamais trop tarde pour se procurer un livre 🙂
Je n’ai jamais lu de livres de David Mitchell mais pas mal de personnes me les ont conseillés. J’espère y remédier rapidement ! 🙂
Je te dirai ce que j’en ai pensé. 😉
Oh alors, c’est un bon livre pour commencer ^^
Avec grand plaisir ♥
Très fan des livres de David Mitchell (en particulier « La Cartographie » et « Les Mille automnes », qui me correspondent davantage), je découvre le site par cette porte, et je pense y revenir si de tels noms y circulent (j’ai aussi entrevu qu’on y parlait de Pratchett ^^). Je ne peux pas te renvoyer quelque chose de très constructif concernant ton article, car je n’ai pas encore lu le présent ouvrage et ne veut rien m’en gâcher (encore une fois, c’est le nom de l’auteur qui m’a attiré ici). N’ayant pas un niveau suffisant pour lire Mitchell en v.o. (je prends déjà une demi-heure par page sur du King ^^), il me faut attendre une traduction. Comme pour « #9dream » (et maintenant « Slade House »). Quid d’une possible traduction concernant ces trois-là ?
Ravie de t’avoir fait venir par ce moyen 😉 Il y a de fortes chances pour que je continue à en parler, j’adore ce que fait Mitchell et il me reste « Les milles automnes » et « 9dream » à lire !
J’espère que les traductions viendront rapidement, car il est vrai que ce ne sont pas des livres toujours faciles à lire en v.o… Mais pour ma part, j’ai vraiment beaucoup aimé celui-ci -Slade House, par ailleurs-, que j’ai trouvé dans la continuité de « Cartographie des nuages » ^^