Le plus petit baiser jamais recensé – Mathias Malzieu
Pourquoi ce livre ? Il fait partie du colis SWAP Romance que m’a envoyé l’adorable Erika. C’est le premier livre de son colis que je lis, bien que j’ai en fait déjà commencé Indécise de S.C. Stephens. Le titre m’intriguait et en plus une amie m’en avait dit le plus grand bien – une raison de plus pour entamer ce petit roman ! Egalement, je n’avais encore jamais lu de livre de Mathias Malzieu, et je suis très heureuse d’avoir pu découvrir son univers par cette oeuvre.
Un inventeur dépressif rencontre une fille qui disparaît quand on l’embrasse. Alors qu’ils échangent le plus petit baiser jamais recensé, elle se volatilise d’un coup. Aidé par un détective à la retraite et un perroquet hors du commun, l’inventeur se lance alors à la recherche de celle qui « fait pousser des roses dans le trou d’obus qui lui sert de cœur ». Ces deux grands brûlés de l’amour sauront-ils affronter leurs peurs pour vivre leur histoire ? Un vrai faux polar romantique, regorgeant de gourmandise explosive.
Comme si Amélie Poulain dansait le rock’n’roll et croisait le petit Prince avec un verre de whisky.
Le plus petit baiser jamais recensé est une merveille. En l’ouvrant, j’ai pensé à Boris Vian et son style tantôt cynique, tantôt poétique, et au film L’Ecume des jours. Parce que c’est à cela que fait penser le style de Malzieu : une ambiance poétique et pétillante, parfois mélancolique, remplie de mots-valises, de mots inventés, d’expressions complètement décalées, le tout frissonnant de bonne humeur et d’entrain. Rien que pour le style, l’univers à la fois déjanté et proche, cela vaut amplement la peine. C’est juste foisonnant de petites perles, et il ne faudrait pas des citations mais tout le livre entier pour montrer ce que cela représente. C’est une vraie magie des mots.
Quant à l’histoire, elle n’est pas moins originale et elle fait honnêtement du bien. Je trouve qu’on manque beaucoup de romans de ce genre, qui ramènent le sourire aux lèvres sans pour autant être gnangnan et faciles. Le narrateur, anonyme, croise un jour une fille intrigante et l’embrasse. Elle disparaît sous l’effet du baiser et il se met alors à sa recherche. Guidé par sa pharmacienne Louisa, il va voir un détective qui lui confie un perroquet capable de retrouver la femme invisible. S’ensuit une petite quête, puis ses retrouvailles avec la femme invisible, femme-enfant joyeuse et pétillante, et de qui il se rapproche…bien que le problème est que chaque baiser avec quelqu’un qu’elle aime, la rend invisible. Je ne dis pas la suite, ce serait vous gâcher le plaisir de lecture. L’histoire n’est pas très compliquée mais on la suit avec plaisir et intérêt, prenant un véritable plaisir à lire ce court roman empli d’inattendu. La fin n’est pas impossible à deviner mais j’en ai été surprise et amusée quand même.
On s’attache à tous les personnages selon moi : pour le narrateur et son métier particulier, sa quête pour trouver la fille invisible, parce que son histoire est aussi le récit de la difficulté de construire une relation amoureuse, du bonheur qui découle de celle-ci, et également de la difficulté à tourner la page d’une ancienne rupture amoureuse. De la fille invisible – Sobralia – pour son charme et sa malice, pour son interrogation sur qui l’on est avec ou sans apparence visible pour les autres. Le détective n’est pas une figure moins sympathique, déjantée, tout comme son perroquet enregistreur de conversations qui est adorable. Et Louisa, la pharmacienne, est toute aussi marquante avec sa gentillesse, son dévouement et son caractère paisible. On ne passe que peu de pages en leur compagnie, mais les mots, l’histoire, font qu’on s’attache rapidement à eux et qu’on souhaite rester un peu plus dans leur univers coloré et poétique, bien éloigné du nôtre, et empli d’humour.
C’est une excellente découverte que celle-là, toute en douceur et en surprises, et je ne peux que remercier Erika de me l’avoir fait découvrir ! **
Il y aurait tellement de citations à marquer, mais puisqu’il faut décider, en voilà une qui se situe quand le perroquet sert de messager entre le narrateur et la fille invisible :
Je lui répondis sur-le-champ : « J’aimerais vous voir. »
Une fois le perroquet lancé en plein ciel, je trouvai mon message à peu près aussi adroit que si je proposais à une aveugle d’aller au cinéma. Mais c’était trop tard.
Elvis fit un aller-retour express. Il se posa sur mon portemanteau pour répéter : « Si j’apparais, vous n’allez pas m’aimer. »
Et moi de répondre par perroquet interposé : « Vous craignez vraiment que je ne vous aime pas ? »
Elvis reparut quarante-cinq minutes plus tard, ébouriffé comme s’il avait mis les doigts dans la prise, et me répéta les mots presque imperceptibles de la fille invisible : « Oh, je ne crains rien. Je préférerais que vous ne m’aimiez pas trop… »
Je relançai immédiatement : « Quel serait le dosage d’amour idéal en centilitres ? Je ferai en sorte de ne pas dépasser votre prescription. »
Et sa réponse : « Je préconise un dosage microscopique. Bons baisers de Paris. »
Roman poétique français.
Editions : J’ai lu Roman, Flammarion
Parution originale : 2013
Disponibilité : en librairie (6 euros)
153 pages.
EAN : 9782290088807
Lecture en cours : L’aliéniste de Caleb Carr & Mémoires de Pierre-François Lacenaire
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Je suis tombée amoureuse de La mécanique du cœur, et ai moins accroché avec Métamorphose en bord de ciel. Je vais retenter avec celui-ci, pour trancher :p
Tu m’en diras des nouvelles ! Je ne connais pas les autres mais j’ai beaucoup aimé celui-ci. 🙂