La Nuit des Temps de René Barjavel
Pour ma toute première chronique dans la Malle aux Livres, j »ai choisi de vous présenter un livre qui a marqué mon adolescence. J »étais toute jeune, trop peut-être, quand je l »ai lu pour la première fois, et une partie de son sens m »a échappé alors – c »est en le relisant quelques années plus tard que tout s »est complété au fur et à mesure. Il a été publié en 1968 par René Barjavel, auteur de science-fiction français qui traversait alors une période de stérilité littéraire assez pénible pour lui. La Nuit des Temps est le roman qui l »a de nouveau placé parmi les auteurs référents de la SF francophone – même aujourd »hui, ce livre est constamment réédité, alors qu »il a été écrit en 1966, époque lointaine maintenant à nos yeux d »enfant qui avons grandi entourés d »ordinateurs. Lorsque Barjavel a terminé son livre, seuls quelques laboratoires très bien nantis étaient informatisés, ce qui rend son travail intellectuel d »autant plus pionnier… Mais cessons là ce bavardage – maintenant que le décor est planté, plongeons ensemble dans la Nuit des Temps.
Quatrième de couverture : « Dans l »immense paysage gelé, les membres des Expéditions Polaires françaises font un relevé du relief sous-glaciaire. Un incroyable phénomène se produit : les appareils sondeurs enregistrent un signal. Il y a un émetteur sous la glace… Que vont découvrir les savants et les techniciens venus du monde entier qui creusent la glace à la rencontre du mystère ? La Nuit des Temps, c »est à la fois un reportage, une épopée mêlant présent et futur, et un grand chant d »amour passionné. Traversant le drame universel comme un trait de feu, le destin d »Eléa et de Païkan les emmène vers le grand mythe des amants légendaires. »
La Nuit des Temps, c »est un conte politique. L »histoire commence lorsqu »une équipe de chercheurs capte en Antarctique un signal étrange qui affole les détecteurs. Après avoir investigué, ils découvrent les ruines d »une civilisation perdue depuis des millénaires – et une sphère d »or scellée contenant les corps cryogénisés d »un homme et d »une femme. La planète se passionne pour les recherches entreprises sur le site, et du monde entier des scientifiques de toute origine affluent pour prêter main-forte à l »étude de cette énigme et collaborer sans contrepartie. Après plusieurs débats, décision est prise de sortir la femme de son hibernation – le corps de l »homme présente en effet trace de brûlures assez graves qui pourraient impacter son réveil. Et partant de là, toute l »histoire se déroule, pan après pan – Barjavel nous plonge dans cette civilisation vieille de 900 000 ans, dans cette guerre qui a ravagé le globe alors même que l »humanité telle que nous la connaissons n »existait pas encore, dans ce conflit qui n »est pas sans rappeler la Guerre Froide et ses dangers envisagés, contemporaine de l »écriture du roman – tout en dévoilant en parallèle la vie quotidienne de l »expédition et les réactions des peuples du monde entier. Tout le récit va et vient entre l »époque des deux rescapés et celle des scientifiques, dans un jeu des points de vue qui se prête assez bien à une comparaison entre les déviances des deux sociétés très éloignées temporellement, mais sujettes aux mêmes failles et défauts.
Certes, les préoccupations politiques sont très pertinentes, qu »il s »agisse de ce combat inter-continental de l »aube des temps, ou des relations internationales du temps présent décrites dans le roman, lorsque la collaboration tourne au conflit d »intérêt entre nations. Mais la online casino Nuit des Temps, c »est avant tout une histoire d »amour. Transcendante, éternelle, obsédante, c »est une histoire qui blesse, qui hurle, qui pleure. C »est un chant qui réchauffe, un sourire qui illumine, mais aussi une larme qui brûle. C »est l »histoire de cette femme figée dans un instant d »absolu, Eléa, et de l »homme auquel elle appartient, celui qu »elle aime de toute son âme, ce Païkan auquel elle est destinée depuis l »enfance et dont l »absence ravage tout son être lorsqu »elle reprend conscience. C »est aussi l »histoire de Simon, ce scientifique épris d »elle dès l »instant où elle ouvre les Other Debt: Don’t forget to include any other payment(s) you’ll have to make such as outstanding credit rates card debt. yeux, et qui va se dévouer corps et âme pour la comprendre, et entendre d »elle son histoire. Au fil des pages, à ma première lecture, je ne comprenais pas vraiment les enjeux politiques de l »ouvrage – mais dans mon petit être d »adolescente sensible, j »avais le cœur serré par cette tragédie qui se dévoilait de paragraphe en paragraphe, au rythme des mots de Barjavel, comme esquissée en filigrane derrière chaque phrase, entre chaque ligne de dialogue entre Simon et Eléa. Aujourd »hui, lorsque je relis la Nuit des Temps avec mon œil d »adulte et ma sensibilité actuelle bien plus mature que celle de mes dgfev online casino quatorze ans, je vibre toujours autant au son de la détresse émouvante d »Eléa. Aujourd »hui, je suis en mesure de comprendre l »impact terrible de la politique mondiale décrite dans ce roman, ses conséquences sur Eléa et son vécu avec ces deux hommes qui se la disputent et se battent pour elle, Païkan il y a 900 000 ans et Simon aujourd »hui – mais cela ne m »empêche pas de verser cette larme sincère dans les dernières pages, la même qu »il y a douze ans.
La Nuit des Temps, c »est l »histoire d »une femme meurtrie, à laquelle il est possible de s »identifier en dépit de sa différence. Qui n »a jamais été le jouet de malchance, qui n »a jamais eu à assumer un coup du sort, un revirement du destin ? Pas à cette échelle bien sûr, mais il n »en reste pas moins que la souffrance d »Eléa est authentique, et que Barjavel réussit ce tour de force de la rendre crédible. La science-fiction n »était pas simple à écrire, à l »époque – rappelez-vous, 1968, et la course à l »espace balbutiante. On était bien loin des prodiges techniques décrits dans les ouvrages actuels, et curieusement, je n »en aime que plus ce livre : la SF n »a pas besoin d »effets spéciaux tape-à-l »œil ni de dépaysement dantesque pour acquérir de la valeur. La SF peut être humble et modeste, tranquille, et exister dans un passé lointain plutôt que dans un futur distant. C »est ce que j »aime dans la Nuit des Temps : il est intemporel. Toujours aussi pertinent aujourd »hui qu »il y a quarante-cinq ans, il suffit de remplacer le contexte de la Guerre Froide d »antan par celui des conflits grandissants au Moyen-Orient.
Dans La Nuit des Temps, chaque élément est important. Prêtez attention aux lieux, aux objets, à toute cette merveille d »invention que Barjavel nous offre – il trace les grandes lignes et laisse votre imagination peupler le reste autour des détails qu »il vous indique du doigt. Chacun a sa place dans cette histoire : chaque personnage secondaire est admirablement traité, qu »il s »agisse de Coban dans le temps d »Eléa, d »Hoover et Léonova dans celui de Simon, de tous les autres. Chacun d »eux offre un nouveau regard sur l »histoire, et rares sont les ouvrages où les personnages secondaires ne sont pas simplement des faire-valoir des protagonistes, aussi, bravo à toi, René Barjavel. Tu nous a quittés en 1985 – mais cela fait presque trente ans maintenant que ton œuvre te survit et que nos louanges honorent ta mémoire. Merci pour ces heures d »évasion, pour cette cascade bouillonnante d »émotion.
Je ne vais pas vous en dire plus – rentrer plus avant dans les détails de mon amour pour cet ouvrage vous en dévoilerait trop les clés de l »histoire, et je veux que vous ayez le plaisir de la découvrir au fil des pages si cette chronique vous donne envie. J »espère que le style un peu désuet de Barjavel vous charmera tout autant que moi. Vous ne serez peut-être pas aussi bouleversés que je l »ai été – une part de mon émoi est celle de mes quatorze étés et du souvenir de mon chamboulement de naguère, mais peut-être verserez-vous aussi une larme sur le destin à part de cette femme venue de la nuit des temps, pleurant les vestiges d »une civilisation réduite en poussière.
Je vous laisse avec trois citations qui résument assez bien le roman à mes yeux. La première est de Simon.
« Si nous laissons intervenir nos nations, avec leur idiotie séculaire, leurs généraux, leurs ministres et leurs espions, tout est foutu. »
La seconde est de Païkan, alors qu’il s’adresse à Eléa pour la dernière fois.
« Rien qu’une nuit… Et quand tu te réveilleras, je serai mort depuis si longtemps que tu n’auras plus de peine. »
La dernière est de Simon une fois encore, lorsqu’il voit Eléa pour la première fois.
« Je suis entré et je t’ai vue.
Et j’ai été saisi aussitôt par l’envie furieuse, mortelle, de chasser, de détruire tous ceux qui, là, derrière moi, […] attendaient de savoir et de voir. Et qui allaient TE voir, comme je te voyais.
Et pourtant, je voulais aussi qu’ils te voient. Je voulais que le monde entier sût combien tu étais, merveilleusement, incroyablement, inimaginablement belle.
Te montrer à l’univers, le temps d’un éclair, puis m’enfermer avec toi, seul, et te regarder pendant l’éternité. »
Quelques informations sur La Nuit des Temps :
Édition : Pocket
Date de sortie : 31 mai 2012 (première édition en avril 1968)
Prix : 7.30 euros
Nombre de pages : 409 pages
Ahh « La Nuit des temps »… c’est un de mes classiques aussi.. ta chronique m’a donné envie de le relire!!!
J’en suis ravie, c’est un livre qui mérite amplement une relecture ! 🙂
Ce livre m’a aussi beaucoup marquée lorsque je l’ai lu en 3e et tout autant lorsque je l’ai relu par la suite.
Comme quoi les romans d’amour ne sont pas tous niais 😉
Ah ce livre <3 Magnifique ! J'ai dû le lire pour les cours et il m'avait fort marquée ! J'ai adhéré directement au style de Réné Barjavel 🙂
René plutôt ^^
Sans doute le roman que j’ai le plus relu, mon classique et une superbe histoire d’amour…
Bjr est ce que quelqu’un pourrai m’aider j’ai un sujet d’ecriture d’invention sur la derniere page de ce livre est je sais pas comment m’y prendre merci d’avance