Un homme au singulier (A single man) – Christopher Isherwood
Pourquoi ce livre ? Parce que j’ai le film à voir depuis longtemps, et que ne l’ayant pas encore vu, j’ai emprunté le livre dont il a été adapté à la bibliothèque, par curiosité et pour voir les différences ensuite.
Un homme au singulier, c’est une journée de la vie de George Falconer, professeur, gay. Ayant perdu son compagnon dans un accident de voiture, George vieillit seul dans un quartier bourgeois en Californie. Ses voisins apprécient sa courtoisie parfaite tout en réprouvant son homosexualité. Nous assistons à son premier cours du matin à l’université, à une visite à l’hôpital, à un dîner avec une amie alcoolique, à sa rencontre avec des amis dans un bar.
Nous assistons à sa solitude dans une société policée où il n’est que toléré. Il ne se révolte pas. Il mène sa vie d’homme seul. Ce livre, un des chefs-d’ouvre de Christopher Isherwood, est la tragédie d’un homme blessé par ce qu’on lui impose, et résigné face à l’intolérance. Il doit souffrir et mourir. Pourquoi crier lorsque personne ne peut entendre ? On retrouve l’incroyable finesse et le merveilleux art de la suggestion de Christopher Isherwood.
Un homme au singulier a été adapté au cinéma par Tom Ford (A Single Man, 2009), avec, dans les rôles principaux, Colin Firth et Julianne Moore.
Je n’ai pas encore vu le film adapté de ce roman, donc je vais commenter uniquement le livre. Le résumé fourni par l’éditeur est plutôt correct, aussi je ne vais pas y rajouter grand chose. Ce livre décrit, en une journée ce qu’est la vie du professeur George Falconer depuis qu’il a perdu son compagnon : ses cours, ses repas, ses pensées, ses rencontres avec les gens, ce que ceux-ci pensent de lui, etc…
S’il n’est pas forcément facile de s’attacher à ce personnage, très intérieur et relativement taciturne, j’ai cependant beaucoup apprécié le côté critique et ironique envers les autres, ou la société, que glissait l’auteur à travers lui. Le sujet n’est pas drôle et pourtant il y a quelques phrases, situations, qui donnent parfois à sourire car l’auteur parvient à en montrer le côté absurde ou extrême, la critique de l’hypocrisie dans les relations sociales, les faux-semblants, le fait que personne ne se connaît vraiment. La fin est triste, mais les analyses sont justes, et elles parviennent à passer avec plus de légêrté qu’on peut ne le penser au début. C’est un roman certes marqué par le deuil, et qui finit tristement, mais il y a tout de même quelque chose dans le style qui fait qu’il se lit très rapidement et sans trop de difficultés, surtout, encore une fois, grâce à ce style particulier, acéré et qui voit juste au coeur des thèmes évoqués. D’ailleurs, les sentiments évoqués semblent si justes et clairs (notamment pour le deuil, l’hypocrisie sociale, les masques ou l’homosexualité) qu’on ne s’étonne pas qu’il y ait quelques touches autobiographiques dedans, vu la vie de l’auteur. C’est peut-être cela qui donne sa force au roman, qui, s’il est un bon moment de lecture, n’est cependant pas exceptionnel. Mais je ne peux pas nier le fait qu’il y ait une certaine force acérée dedans.
C’est aussi là qu’on se rend compte qu’il est parfois difficile de commenter les romans qu’on a bien aimé et qui sont bien, mais sans le petit plus qui en fait véritablement un charme…
Un extrait :
Supposez seulement que les morts reviennent chez les vivants. Que quelque chose que l’on puisse à peu près reconnaître comme étant Jim soit capable de revenir voir ce que devient George. Est-ce que cela serait le moins du monde satisfaisant ? Est-ce que le jeu en vaudrait même la chandelle ? Au mieux, à coup sûr, ça ressemblerait à la courte visite d’un observateur étranger, autorisé à jeter un coup d’oeil à l’intérieur, quelques instants, depuis le vaste espace de sa liberté, pour voir, de loin, à la petite table de l’étroite cuisine, en train de manger humblement, tristement, ses oeufs pochés : un prisonnier à vie ?
Roman anglais.
Editions : Fayard ou Grasset.
Parution originale : 1964
Disponibilité : en librairie (8 à 15 euros)
Lectures en cours : Jane Eyre de Charlotte Brontë
http://lamalleauxlivres.com/homme-au-singulier-christopher-isherwood/http://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/81tC686-jtL._SL1500_.jpghttp://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/81tC686-jtL._SL1500_-150x150.jpgNon classéA single man,Christopher Isherwood,Deuil,Homosexualité,Roman anglais,Un homme au singulierPourquoi ce livre ? Parce que j'ai le film à voir depuis longtemps, et que ne l'ayant pas encore vu, j'ai emprunté le livre dont il a été adapté à la bibliothèque, par curiosité et pour voir les différences ensuite. Un homme au singulier, c'est une journée de la vie...HauntyaHauntya bunesque@live.frSubscriberDiplômée en métiers du livre et en digital humanities, elle adore la littérature depuis son enfance. Spécialiste des livres de bibliothèques rendus en retard, ses lectures sont variées même si elle affectionne particulièrement les classiques et les romans du XIXe siècle, avec un chocolat chaud ou un thé. Elle ne demande qu'à ce que les livres la fassent rêver mais aussi réfléchir. Blog personnel : http://hauntya.wordpress.comLA MALLE AUX LIVRES
Je pense qu’il devrait beaucoup me plaire… j’aime les livres au charme discret, souterrain, sans effets grandioses… souvent, ce sont les plus puissants. Donc, je note !
Tu viens de décrire en une ligne ce qui fait le charme du livre ^^ Je pense donc en effet que ça te séduira, dis-m’en des nouvelles 🙂
Oui je te dirai, quand j’aurai trouvé le temps de le lire… ma PAL est déjà surchargée. Mais celui-là me tente vraiment beaucoup, donc je vais peut-être le faire passer en priorité…
La malédiction des PAL ^^ ma foi, fais comme tu peux ! Il se lit rapidement, mais on ne sait jamais trop quel est le prochain livre qu’on commence…