Autoportrait de l’auteur en coureur de fond – Haruki Murakami
Comme vous le savez peut-être, le mois de novembre, c’est le National Novel Writing Novel (abrégé en Nano ou Nanowrimo), ou en français le mois de l’écriture d’un roman. Il s’agit d’un événement qui arrive tous les ans depuis la fin des années 90 si je ne me trompe pas, et où le but est d’écrire un roman, ou du moins une partie. 50’000 mots pour être exact. Si le sujet vous intéresse, Cindy Van Wilder en a fait une vidéo explicative très sympa que vous pourrez voir par ICI 😉 Mais du coup, j’en profite pour vous parler d’un livre que j’ai lu il y a quelques temps pour préparer ce fameux Nano, et qui de mieux pour parler de l’écriture qu’un auteur reconnu et qu’on apprécie ? Je me suis donc lancée dans Autoportrait de l’auteur en coureur de fond d’Haruki Murakami, qui avait également l’avantage de parler d’un autre de mes hobbys : la course à pied.
Journal, essai autobiographique, éloge de la course à pied, au fil de confidences inédites, Haruki Murakami se dévoile et nous livre une méditation lumineuse sur ce bipède en quête de vérité qu’est l’homme…
Le 1er avril 1978, Murakami décide de vendre son club de jazz pour écrire un roman. Assis à sa table, il fume soixante cigarettes par jour et commence à prendre du poids. S’impose alors la nécessité d’une discipline et de la pratique intensive de la course à pied.
Ténacité, capacité de concentration et talent : telles sont les qualités requises d’un romancier. La course à pied lui permet de cultiver sa patience, sa persévérance. Courir devient une métaphore de son travail d’écrivain.
Courir est aussi un moyen de mieux se connaître, de découvrir sa véritable nature. On se met à l’épreuve de la douleur, on surmonte la souffrance. Corps et esprit sont intrinsèquement liés.
Murakami court. Dix kilomètres par jour, six jours par semaine, un marathon par an. Il court en écoutant du rock, pour faire le vide, sans penser à la ligne d’arrivée. Comme la vie, la course ne tire pas son sens de la fin inéluctable qui lui est fixée…
Comment ce livre est arrivé entre mes mains
Je crois qu’on l’avait à la maison depuis longtemps, mais il a fallu que Samanthy Bailly en parle sur une vidéo de sa chaîne Youtube (ainsi que de 2 autres ouvrages que j’ai également lus depuis, Ecriture de Stephen King et Comme par magie d’Elizabeth Gilbert) pour que je me mette à le lire.
Et alors, qu’est-ce que ça donne ?
Ce récit autobiographique nous révèle une partie de la vie de Murakami : comment il a commencé en tenant un club de jazz à Tôkyô, avant de finalement se tourner vers l’écriture. Et surtout, comment la course à pied rythme sa vie privée et professionnelle. Le tout sous une forme de journal, écrit avec la prose talentueuse que l’on connaît de l’auteur japonais. On découvre ainsi le quotidien de Murakami, très précis et discipliné, où se mélangent à la fois l’écriture et la course à pied. Car, étonnamment, les deux disciplines se ressemblent énormément, et l’une influence sans cesse l’autre, comme l’explique l’auteur tout au long de cet ouvrage.
J’avais déjà lu un livre de non-fiction de Murakami, Underground, et été agréablement surprise de voir que cela se lisait avec tout autant de plaisir que ses romans. Dans le cas de ce bouquin, c’était encore plus intéressant de découvrir un peu plus cet auteur assez discret, d’une pudeur assez japonaise lorsqu’il s’agit de parler de lui. Ainsi, on apprend que son quotidien d’auteur est intimement lié à son quotidien de coureur : les deux disciplines exigent de la rigueur et de l’entraînement, et écrire un roman peut s’apparenter à courir un marathon (une comparaison qui parlera sans doute aux participants du Nanowrimo).
On fantasme beaucoup sur la vie des écrivains, qu’on imagine souvent être exceptionnelle, comme celle de véritables stars. Sur ce point, Murakami nous interrompt très vite : il vit une existence extrêmement saine, voire banale. Écrire, c’est un métier comme un autre, qui demande du travail et de la précision. Ce n’est pas forcément une vie Rock’n Roll, mais un boulot de longue haleine qui demande patience et ténacité. Et qui n’est malheureusement pas toujours récompensé.
L’approche de la course à pied est également originale, et, même si on ne la pratique pas ou qu’on n’est pas spécialement un grand sportif, on peut voir le parallèle entre les disciplines. Et dans tous les cas, cela nous permet de mieux appréhender la manière dont l’auteur voit l’écriture, et comment il la vit. Et inversement, si on pratique la course mais pas l’écriture, cela nous donne un bon aperçu de ce qu’est cette dernière.
Un petit livre vraiment passionnant à lire, qui nous en dit beaucoup, à la fois sur Haruki Murakami, mais aussi sur les effets bénéfiques de l’écriture et de la course à pied.
Pour quel(s) lecteur(s) ?
Les écrivains et les coureurs, en herbe ou confirmé.
La citation :
« Chez les créateurs, il existe une motivation intérieure, une force calme qu’il n’est pas du tout nécessaire de confondre à des critères extérieurs. »
Pour se le procurer :
Éditions : Belfond (ou chez 10/18 en poche)
Date de sortie : 2009
Prix : 19.5 € (en papier)
Nombre de pages : 180 pages
ISBN : 978-2714445087
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Pourquoi pas le lire à l’ocasion mais ça ne serait pas une lecture prioritaire.