Au moins il ne pleut pas – Paula Jacques
Bonjour, à ce jour un livre un peu différent. Je l’ai découvert quand je l’ai reçu à l’office en librairie. Trois exemplaires, qu’est-ce donc que ce livre que mon diffuseur veut me faire vendre ? Je lis la quatrième de couverture et je vois que ça se passe dans un pays dont je ne sais que très peu de choses. En fait, le livre n’est pas dans mes lectures habituelles en terme de période historique ou de lieux mais il semblait avoir quelque chose de différent donc j’ai essayé. Je vous mets la quatrième ainsi que la couverture. Le titre m’est resté longtemps comme une question sans réponse mais on comprend finalement son sens à la fin. Voui, je ne suis pas trop partisane des titres énigmatiques qui sont une réplique. Là ça va parce qu’il s’intègre plutôt bien au texte et finalement, il montre totalement le décalage entre cette considération météorologique et la réalité, mais parfois, ça fait vraiment « Je le mets dans la bouche du personnage pour que ce con de lecteur comprenne d’où vient le titre » et ça fait tâche. Autres bonus, je vous mets les liens de vidéos de l’éditeur avec un entretien avec l’auteure. Je ne vous conseille de l’écouter qu’après lecture (comme moi) si vous comptez lire le texte parce qu’elle en raconte quand même les grandes lignes. Le final est conservé mais la trame du récit et ses enjeux sont dévoilés. Par contre, si vous n’avez pas le temps ou l’envie de lire le roman, vous pouvez les écouter, peut-être que vous aurez envie de vous plonger dans ce texte en sachant exactement de quoi il en retourne. Bref, j’arrête de tourner autour du pot et je vous laisse découvrir la chronique à proprement parlé !
Hiver, 1959. Nous sommes au port de Haïfa. Deux adolescents, Solly et Lola Sasson, débarquent sous une pluie glacée. Deux orphelins venus d’Egypte, perdus, apeurés, qui ne savent rien du monde sur lequel ils viennent d’atterrir. Solly, le petit frère, c’est de la graine de voyou, séducteur, résolu à se tailler une place au soleil. Lola, son aînée de treize mois, rêveuse et timorée, estime que la vie dans les livres est plus intéressante que la réalité.
Où aller ? Où les portera cette nouvelle vie de déracinés ? A Wadi Salib, sur les hauteurs de Haïfa, chez deux femmes étranges, Ruthie la silencieuse et Magda la bavarde, qui vivent comme des soeurs, liées par un pacte de la mémoire : ce sont deux rescapées des camps. Du moins, c’est ce que le lecteur va croire au début de ce roman foisonnant, humain, émouvant et provocateur à la fois. Les déportées le furent-elles vraiment ? Quel est le prix à payer pour survivre ? Et dans l’Israël des pionniers et de la coexistence difficile entre les communautés sépharade et ashkénaze, comment s’adapter, que choisir et qui être ?
1/3 Paula Jacques présente son livre, Au moins il ne pleut pas
2/3 Au moins il ne pleut pas, de Paula Jacques
3/3 Au moins il ne pleut pas, de Paula Jacques
Nous sommes en 1959. Cela fait moins de quinze ans que l’horreur des camps s’est achevée, les criminels ont commencé à être traduits en justice et nous entrons dans le tout jeune États d’Israël. Ce que j’ignorais, c’est qu’il a principalement été fondé par les Juifs Européens. De ce fait, à cette époque, deux catégories de la population sont mises à part : ceux qu’ils appellent les « Arabes » et qui sont en fait les Juifs émigrant les pays arabes (c’est assez choquant quand on voit que les Juifs d’Europe ont été massacrés à cause de leur religion, quelle que soit leur nationalité et là, les Arabes sont stigmatisés quelle que soit leur religion), ils sont considérés comme barbares, sauvages, criminels ; et la seconde catégorie de « sous-citoyens » sont les rescapés des camps ! Je n’imaginais pas justement qu’il n’y avait pas eu immédiatement ce respect dû aux victimes. Grossièrement, on considérait que les survivants étaient comme les victimes décédées : des moutons qui avaient couru bêtement dans les camps, et qu’en plus, ceux qui avaient survécu devaient avoir marché sur les cadavres de leurs frères s’ils étaient toujours là. Moralité… morts : des idiots qui ont accepté d’être massacrés, survivants : collabos qui ont sûrement trahi et tué pour survivre. Ce contexte historique a un rôle primordial dans le texte et il est très intéressant de découvrir comment cette situation évolue entre 1959 et 1960…
Sur cette toile de fond : nous avons Solly et Lola, deux orphelins Égyptiens dont la famille ne veut pas vraiment et qui sont envoyés en Israël. De peur d’être séparés, ils s’enfuient en pleine ville et suivent un tuyau douteux donné par un gros bonhomme louche au port. Et les voici arrivés au sein d’une étrange famille avec Magda et Ruthie, deux survivantes des camps et le neveu de Magda : Gabriel, un escroc auquel on s’attache malgré ses torts. Solly se lance dans les arnaques avec ce dernier et Lola se perd dans la littérature et s’intéresse à leurs logeuses. Dès lors, des questions se posent et les personnages se retrouvent broyés, blessés, bousculés par le monde qui tourne, par les événements qui les mettent à l’épreuve. Solly et Lola doivent trouver leur place dans cette société incertaine, dans cette classe sociale, dans cette famille étrange ; quant aux soeurs, elles dissimulent un lourd secret chacune à leur façon. On s’attache réellement à tous les personnages dans cette histoire. Solly : la petite brute au bon coeur qui veut subvenir aux besoins de sa naïve de soeur ; Lola : la rêveuse qui refuse de fermer les yeux sur les fantômes qui hantent cette génération, qui veut en apprendre plus sur ce génocide qui a eu lieu il y a si peu de temps ; Gabriel : cet escroc qui fait son trou et prend Solly sous son aile ; les « soeurs de coeur » Magda et Ruthie : l’une bavarde et accueillante, l’autre enfermée dans un mutisme et une froideur qui semblent éternels…
Ce que j’ai aimé dans ce texte, ça a été de découvrir un pan de l’histoire que j’ignorais totalement. Le contexte historique a une place primordial mais on n’est pas submergés par les informations, elles sont distillées tout à fait naturellement. Ce roman est chargé de sentiments, de couleurs chaudes, d’accents, de parfums et il est un véritable voyage en Israël et dans le temps. Il donne aussi de belles leçons sur l’Homme et ce qu’il est prêt à faire pour sa ville, pour son pays, pour sa famille, pour sa propre vie… La fin me tord le cœur même si je pense que l’auteure a tout de même cherché à offrir une note d’optimisme et un nouveau départ pour cette étrange famille…
Éditeur : Stock – Prix : 20 euros tout rond
ISBN : 9782234075603
Sortie le 25 fév. 2015
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