Écrits fantômes – David Mitchell
Lorsqu’un auteur nous plaît, nous sommes souvent tentés de lire ses autres bouquins, même si l’immensité de notre PAL ne nous donne pas toujours l’occasion de le faire. Heureusement qu’il existe des challenges pour vous forcer à le faire de temps en temps. En effet, pour le 2015 Reading Challenge, il s’agissait de lire le premier roman d’un écrivain que nous aimons. Et mon choix s’est porté sur David Mitchell, dont vous pouvez trouver les chroniques de deux de ces livres sur ce site (Le fond des forêts et The bone clocks), et que j’ai notamment connu grâce à Cloud Atlas (Cartographie des nuages en français), il y a plusieurs années. Je me suis donc lancée dans Écrits fantômes, curieuse de découvrir si ce premier roman possédait déjà tout ce qui me plaisait chez cet écrivain.
« J’ai séjourné deux ans dans le docteur; c’est là que j’ai pu apprendre à connaître l’espèce humaine et ce qu’elle a d’inhumain. Appris à lire les souvenirs, à les effacer et à les remplacer. Appris à contrôler mes hôtes. L’Homme était mon jouet. J’ai également appris la prudence. Un jour, j’annonçai au docteur qu’un être immatériel vivait dans son esprit depuis deux ans. »
Un terroriste à Tokyo, un trader à Hong-Kong, l’âme d’un shaman en Mongolie, des trafiquants d’art à Saint-Pétersbourg, une voix dans le cyberspace… ces personnages – et bien d’autres encore – appartiennent, sans le savoir, à la même histoire. Quel est donc le lien qui les réunit?
Comment ce livre est arrivé entre mes mains ?
Je l’avais repéré depuis longtemps, mais l’ai finalement acheté cet été à Londres, en anglais donc.
Et alors, qu’est-ce que ça donne ?
Comme pour beaucoup de livres de David Mitchell, il est difficile d’en donner un résumé complet. Le roman se compose de plusieurs histoires, comme plusieurs nouvelles. Sauf qu’elles sont toutes liées d’une façon ou d’une autre, et il nous arrive donc de croiser des personnages d’une histoire dans une autre. Tous les récits se déroulent dans un pays différent, du Japon jusqu’à New-York en passant par la Mongolie ou Londres.
On y suit ainsi tour à tour un terroriste japonais, un adolescent japonais amateur de jazz, un bussiness man à Hong-Kong, la tenante d’un restaurant sur un chemin de pèlerinage en Chine, une entité (à défaut de pouvoir la décrire autrement) passant d’âme en âme en Mongolie, des cambrioleurs en Russie, un ghost writter à Londres, une physicienne sur une île au sud de l’Irlande et un animateur radio à New-York. Le lien entre tous ces personnages ? Il vous faudra lire le roman pour le découvrir. Sachez seulement que le thème du fantôme –d’où le titre- est souvent présent, de différentes façons.
C’est donc un voyage géographique que nous offre ce livre (plutôt qu’un voyage temporel dans Cloud Atlas, pour ceux qui l’auraient lu/vu), et les histoires sont toutes différentes les unes des autres. Mais au fur et à mesure de notre lecture, on découvre qu’elles sont toutes liées, un vrai coup de force de l’auteur qui parvint ici à assembler des récits très disparates, aux enjeux et aux personnages très différents. C’est une grande spécialité de cet auteur, dont l’œuvre est empreinte d’une sorte universalité assez fascinante à découvrir d’une autre façon dans chacun de ses romans. C’est même accentué avec le fait que Mitchell réutilise souvent certains de ses personnages dans d’autres romans, un peu comme des guests stars.
Mais cette grande différence entre les histoires d’écrits fantômes peut aussi être sa faiblesse. En effet, certains récits peuvent paraître plus ennuyants que d’autres, voire ne parviennent pas à gagner notre adhésion. Ainsi, les toutes dernières histoires de ce livre ne m’ont pas vraiment ni convaincue, ni plues. On passe subitement dans un monde post-apocalyptique, d’une façon que j’ai trouvé un peu abrupte voire maladroite. « Erreur » de jeunesse, peut-être, car dans d’autres livres comme Cloud Atlas ou The bone clocks, je n’ai pas du tout eu ce problème.
Autre –petit- bémol : certaines histoires d’écrits fantômes nous accrochent beaucoup plus, et on est assez déçu que cela ne constitue qu’une petite part de l’histoire, alors qu’on aimerait en découvrir davantage. Par exemple, l’entité en Mongolie. Il s’agit d’une âme pouvant se déplacer d’un corps humain à l’autre, qui peut influencer les pensées de son hôte, voire même le tuer. Et cette âme est à la recherche de ses origines, car elle est persuadée avoir été un humain normal par le passé, sans pouvoir s’en souvenir. Mitchell invente ici un concept fantastique original et extrêmement prometteur, et j’aurais beaucoup aimé que cela soit davantage développé. Voire carrément exploité dans un autre livre, à part, comme pour les horologistes dans The bone clocks. Mais peut-être l’auteur choisit de ne pas le faire, volontairement, le but de son livre n’étant pas de se focaliser sur certaines histoires, mais d’en présenter une myriade à la fois.
Cela n’éclipse cependant pas l’inventivité de l’auteur, et c’est clairement ce qui impressionne le plus dans ce roman. On a ainsi plusieurs histoires en une seule, plusieurs romans en un seul. Concept qui me plaît beaucoup, et que Mitchell a su développer astucieusement dans ses autres livres par la suite, sans toutefois se répéter. Le tout servi avec une prose toujours aussi délicate, même à ses débuts. Ce qui prouve bien que David Mitchell n’usurpe pas la qualification de grand écrivain qu’on lui colle parfois, et qu’il a certainement beaucoup d’autres merveilleux livres à nous faire découvrir à l’avenir. Son prochain roman sort d’ailleurs prochainement, Slade House, sort à la fin de ce mois en anglais.
Un premier roman qui m’a définitivement séduite, en résumé
Pour quel(s) lecteur(s) ?
Les amateurs de l’auteur, et de romans mêlant originalement divers histoires très différentes, avec toujours une pointe de fantastique là où on ne l’attend pas.
La citation :
« Londres est un langage. Tous les endroits le sont, je suppose. » (ma traduction)
Pour se le procurer (en français) :
Editions : Editions de l’Olivier
Date de sortie : mars 2004
Prix : 21.30 €
Nombre de pages : 480 pages
ISBN : 978-2879292793
http://lamalleauxlivres.com/ecrits-fantomes-david-mitchell/http://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/ecrits_fantomes_top.jpghttp://lamalleauxlivres.com/wp-content/uploads/ecrits_fantomes_top-150x150.jpgNon classéDavid MitchellLorsqu’un auteur nous plaît, nous sommes souvent tentés de lire ses autres bouquins, même si l’immensité de notre PAL ne nous donne pas toujours l’occasion de le faire. Heureusement qu’il existe des challenges pour vous forcer à le faire de temps en temps. En effet, pour le 2015 Reading...OhagiAlize altimapi2@hotmail.comUserDiplômée en Sciences de l'information, elle arpente aussi bien les rayons des librairies que des bibliothèques et se passionne pour de nombreux sujets. Armée de sa tasse de thé, elle peut lire de tout, du manga à la biographie, du best-seller à la poésie, en français et en anglais. Tout ce qui peut l’inspirer et la faire rêver. Elle affectionne tout particulièrement la littérature anglo-saxonne, les classiques et les gros pavés.LA MALLE AUX LIVRES
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